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Arrêt du Rgiment de la Calotte portant brevet et sauvegarde pour le P. Thierrion

Arrêt du Régiment de la Calotte

portant brevet et sauvegarde pour le P. Thierrion

De par le dieu de la Marotte,

Les généraux de la Calotte,

Assemblés au son des chansons

Dans la loge des francs-maçons,

À tout ceux qui voudront l’entendre,

Santé, salut. Savoir faisons

Pour obvier à tout esclandre,

Que sous notre protection

Nous avons résolu de prendre

Le Révérend Père Thierrion,

Si que chacun ait à lui rendre

Honneur, simplesse et dévouement

Comme aumônier du Régiment.

Qu'ayant égard au vrai mérite,

Modestie et sobriété,

Discrétion, humilité,

De sa figure hétéroclite,

L'avons de notre autorité

Par grâce spéciale, insolite,

Nommé débrouilleur, directeur,

Confesseur et prédicateur

De la plus belle Sunamite1

Que choisira ce chatemitte.

À condition néanmoins

Que deux fois par jour, tout au moins,

Sans préjudice aux soins nocturnes

Il bénira cette fantan (sic)

Avec du vin d’archipanpan2

Dont lui sera fourni quatre urnes

Par les moulhas3 de l’Alcoran

À chaque lune de chaque an,

Attendu l’exacte influence

Qu’a cet astre dans ses écarts

Directement à tous égards

Sur le chef de Sa Révérence.

De plus, par le grand intérêt

Que nous prenons au personnage,

Ordonnons, voulons et nous plaît

Que Dames du plus haut étage

Aient soin de lui tenir prêt

Consommé, bouillon ou potage

Pour feutrer, calfeutrer son test,

Qui va parfois en garrouage4 ,

Lui défendant expressément

De prendre le père à la gorge,

À moins que préalablement

Jus de réglisse et sucre d’orge

N’adoucissent anodinement

Les passages du bégaiement.

Enjoignons à toute comtesse,

Baronne, Marquise, Duchesse,

Toutes les fois qu’il dira vrai

D’y croire sans aucun délai.

Le relevons de l’imposture

Imputée à lui méchamment,

D’avoir sifflé par forfaiture

Certain vin indien ou grec

Qui, par assez malaventure,

Ne lui passa que par le bec.

Si, mandons à notre brigade

Des plus babillards calotins

Qu’avec grelots et mascarade

Ils fassent l’un de ces matins

Ces présentes publier, lire

À la requête du beau sire,

Pour icelui le rétablir

En bonne fame et renommée,

Car tel est notre bon plaisir.

Donné dans l’an de la fumée

Où Bacchus fit si grand tort,

Belle montre et peu de rapport,

Ce que notre pauvre dépouille

S’en fut tout en brouet d’andouille.

Scellé, signé de Saint-Martin

Et plus bas par Messire Bertin.

  • 1 L’épouse du Cantique des cantiques (M.).
  • 2 Nom donné par plaisanterie au vin que le pauvre P. Thierrion était accusé d’avoir bu (M.).
  • 3Mollah ?
  • 4Errer à l’aventure, divaguer.

Numéro
$4570


Année
1737




Références

Chaôlons sur Marne BM, MS 821


Notes

Clalotte provinciale. Voir l’article de H. Gérard dans les Mémoires de la Société d’agric ulture de la Marne, (XXIV, 1930-33), pp.99-150