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Arrêt contre la fausse édition des brevets et autres règlements supposés

Arrêt du Conseil du Régiment de la Calotte
contre la fausse édition des brevets et autres règlements supposés
Nous, par la grâce de Momus,
De ses décrets dépositaires,
À tous sacrilèges abus
Mort ou châtiment exemplaire.
L’aréopage convoqué
Sur le prudent réquisitoire
D’un de nos scribes, provoqué
Par son zèle pour notre gloire
Contre un recueil sophistiqué
A l’instar de vieux grimoires
Jadis à Mercure escroqué
Par deux Grecs qui l’avaient fait boire
Et qui, des ministres des dieux
Aux yeux d’un peuple curieux
Prenant les sacrés caractères,
D’un livre saint et précieux
Osaient infecter les mystères
Par leurs discours séditieux,
Et sous des titres spécieux
Mêlaient des pièces adultères
Aux divins oracles des cieux.
Ayant établi dans la forme
La parité de ces deux faits,
Constaté l’attentat énorme
Fait contre nos sages arrêts
Par l’examen d’un livre informe
Où sont insérés maints brevets,
Enfants bâtards et contrefaits
De ces cerveaux paralytiques
Qui, sans nos lettres authentiques
Et nos pouvoirs dûment visés,
Se sont comme malavisés,
Indiscrets, brouillons, téméraires,
Calomniateurs et faussaires,
Poussés du démon de rimer,
Ingérés de faire imprimer
Nos plus augustes ordonnances,
Édits, patentes et rescrits,
Pêle-mêle avec leurs écrits
Et cyniques extravagances.
Voulant punir de tels abus
Par l’autorité de Momus,
Faisons revivre la sentence
Qu’en un cas d’égale importance
Prononça le grand dieu Jupin,
Métamorphosant en Alfane
Tout sacrilège turlupin,
Auteur et colporteur profane
De ces lambeaux, mal assortis
Aux vrais décrets qui sont sortis
Du haut Conseil de la Marotte.
Ordonnons que ces faux écrits,
Biffés, déchirés et proscrits,
Mis au greffe de la Calotte,
Soient brûlés solennellement
Par le bourreau du Régiment.
Déclarons fausse et subreptice
Toute pièce que l’artifice
Contre expresse inhibition
Pourrait soustraire à la police
De notre perquisition.
Enjoignons à nos secrétaires,
Greffiers, écrivains et notaires,
Sous peine de proscription,
De tenir avec vigilance
La main à l’exécution
De notre présente ordonnance
Si l’on ose y contrevenir.
Leur défendons à l’avenir
De répandre aucun exemplaire
De brevet ou de règlement,
Même émané directement,
Qu’il n’ait la forme nécessaire
Et ne soit juridiquement
Muni du sceau du Régiment.
Juré par les ondes du Styx
En l’an mil sept cent vingt-six.

 

Numéro
$4163


Année
1726




Références

F.Fr.9353, f°171r-172r - F.Fr.12654, p.183-86 - F.Fr.15014, f°15r-16v - Lille BM, MS 65, p.442-46 - Lyon BM, MS 754, f°164v-165r