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Arrêt des Etats de la Calotte portant condamnation de bannissement contre certains délinquants envers la raison et la langue

Arrêt des États de la Calotte, portant condamnation de bannissement
contre certains délinquants envers la Raison et la Langue1
Nous, directeurs de la Marotte,
En vertu de l’autorité
Que les États de la Calotte
Nous donnent, sede vacante,
Savoir faisons par la présente
Que le Collège des Quarante
Qui sous nous professe à Paris
L’art de carrer la période
Et de torturer les esprits,
Qui tient ouvert, à juste prix,
Magasin de mots à la mode,
Glacières à rafraîchir l’ode,
Moules où chaque jour l’on fait
Des harangues de Dom Japhet,
Est par jugement authentique
Condamné de fermer boutique
Pour s’être immiscé sottement
Aux affaires du Régiment.
Ordonnons qu’ils vident la ville,
Voulons que les plus égarés
À Montmartre soient transférés,
D’où pourront La Motte, Houtteville,
Et Fontenelle leur patron,
Venir sur ânesses et mules
Endoctriner de leur jargon
Nos précieuses ridicules
À cinq sols par chaque leçon,
Auxquels trois permettons de faire
En iroquois une grammaire
Et de publier leur traité
D’inintelligibilité.
Bref réduire la langue en chiffres ;
Et sera le présent arrêt
Par nos crieurs, tambours et fifres,
Lu, crié, mis où besoin est2 .

 

  • 1Autre titre : Brevet pour l’Académie française qui avait demandé la suppression de l’oraison funèbre de Torsac, général du Régiment de la Calotte.
  • 2La copie est suivie d’une longue note : L’oraison funèbre du général des calotins est composée en partie par Mr Aymon, auteur du Régiment de la Calotte, et de Mr l’abbé Margon, qui est à la Bastille. Cet ouvrage est un tissu de mots nouveaux ou expressions forcées de nos modernes. On imprime actuellement la suite. Je possède dans mon cabinet une médaille en bronze qui fut frappée en 1723 pour l’institution de l’ordre de la Calotte. On y lit ces mots d’un côté : Ridere regnare est, et de l’autre Luna luce, auspice Momo. A la suite, d’une autre écriture : Dès que le fameux abbé Margon eut imprimé l’oraison funèbre de Torsac pour tourner en ridicule le jargon académique, les personnes sensées prévirent dès lors les suites importantes de cette ingénieuse satire. De là nous sont venus le Dictionnaire néologique, l’Éloge de Pantalon Phébus, l’épître qui est à la tête des Mémoires de la Calotte et la Relation de ce qui s’est passé au cours de la réception de l’illustre Mathanasius à l’Académie française, sans nom d’auteur ni d’imprimeur, Paris, 1727, in-12, pag. 48. (f° 171).

Numéro
$4056


Année
1731

Auteur
Roy (Pierre-Charles)



Références

Bouquet académique, p.p.49-50 - 1725, II,97-98 - 1726, 240-241 - 1732/1735, II,91-92 - 1752, II,90-92 - F.Fr.9353, f 124-  F.Fr.10475, f°247 - F.Fr.15015, f°71r-72r - F.Fr.15144, p.448-50 - F.Fr.20036, p.238-239 - F.Fr.25570, p.265-266 - Nouv.Acq.Fr. 2485, f°116 - Nouv.Acq.Fr. 4773, f°50v-51v - Arsenal, 3128, f°296 - Arsenal, 3359, p.129-139 - BHVP, MS 663, f°183v-185r - Mazarine, 3971, p.92-95 - Grenoble BM, MS 587, f°91v-92r - Lille BM, MS 62, p. 1-5 - Lyon BM,MS 754, f°92 - Lyon BM, MS 754, f°170 - Marais, II, 785


Notes

La présence du poème dans le Bouquet académique démontre sans conteste la paternité de Roy.