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Arrêt de la cour souveraine de Momus

Arrêt de la cour souveraine de Momus

À tous ceux du Palais ou barreau subalterne,

Conservateur des droits que notre cour décerne,

Avocats par nous estimés,

Défenseurs de nos bien amés,

Momus, prince de la Marotte,

Arbitre et dieu de la Calotte,

Honneur, salut. Savoir faisons

Qu’entre les plus chers nourrissons

Que la calotine influence

Range aux bancs de notre audience

Nous n’y voyons des candidats

Briguer qualité d’avocats

Nos honneurs et cérémonies

Au tableau des rares génies

Leur nombre aurait, soir et matin,

La gloire du nom calotin [incohérent]

À ce haut rang chacun aspire.

Chaque jour s’étend notre empire.

Les uns savent s’y maintenir,

Les autres pour y parvenir

Sous la robe et le nom de sage

Ont su mettre tout en usage.

Par ces considérations,

Vu leur notable faction,

Et par estime et bienveillance,

Leur donnons sujet d’espérance

Dignes de leurs heureux talents

Comme d’éternels monuments.

Et désirant dedans la suite

Toujours honorer le mérite,

Dans ses nobles productions

Par nouvelles distinctions

De notre ordre et chevalerie,

Subvenir à la mômerie

Suivant l’exigence des cas

Et le besoin de nos États.

À ces causes intéressantes,

Autres raisons à ce mouvantes,

Très grands et importants motifs,

Vu les esprits grands décisifs

Des questions hétéroclites,

Consultations favorites

Des lois et de l’autorité,

Remontrances d’humilité

Et leurs très prudes mômeries,

Écrits, conseils et plaidoiries

Raison et bon sens calotin

Des dénommés dans le calpin

Du vrai tableau de la Marotte,

De la nation porte-calotte,

De l’avis de nos conseillers,

Ouï sur ce nos officiers,

Autres notables personnages

Qui dans nos cœurs ont leurs suffrages,

Lecture faite des statuts,

De nos lois et nos instituts,

De notre certaine science

Et calotine expérience,

À tous nos immatriculés

En notre tableau rappelés,

Octroyons, et par ces présentes

Accordons nos lettres patentes

De digne naturalité,

D’eux et de leur capacité.

Les créons au fond dans la forme,

Sans garder cette règle informe,

Nos vrais suppôts et favoris,

Nos conseillers dans tout Paris

Et gens de nos cours calotines

Pour de nos us et disciplines

A leur avis, discrétion

Veiller à l’exécution.

Les avons contre la nasarde

Tenus en notre sauvegarde

Pour jouir en propriété

De notre libéralité

Avec les droits honorifiques,

Les émoluments fanatiques,

Le lunatique casuel

De notre service actuel.

Aux archives de nos justices

Et greffes seront leurs offices

Enregistrés bien et dûment,

Mis aux journaux du Régiment,

À ce que personne n’ignore

Les rangs dont Momus les honore.

D’aucuns, à jamais oubliés,

Verront leurs brevets publiés,

Affichés en leur résidence

Es places de nos dépendances,

Carrefour et partout ailleurs

Avec nos titres les meilleurs,

Les panonceaux de la Marotte,

Tout l’attirail de la Calotte.

Pour leur donner place et crédit.

Honni soit-il qui d’eux médit !

Connaissant en outre le zèle,

L’amour, l’attachement fidèle

Qu’au service du Parlement

Donne gratis depuis longtemps

Sans fruit, honneur ni récompense

Et privé du droit de présence

Notre cher et féal Probus,

Biffre, avocat, nom de bibus,

Fameux par ses belles prouesses,

Vanté par ses tours de souplesse,

Jadis noblement blasonné,

A présent biffé, bâtonné,

Du catalogue que la gloire

Élève au temple de Mémoire.

Nous, voyant sa capacité

Se perdre dans l’obscurité,

Et ne pouvant sans injustice

Le priver d’un noble exercice

Tel qu’il mérite en notre cour,

Pour lui témoigner notre amour,

Au nouveau récipiendaire

Donnons tout brevet nécessaire

D’avocat plaidant, écrivant,

En notre tableau d’à présent.

Voulons que l’on l’immatricule

Sans passer pour un ridicule,

Lui sachant grande avidité

À remplir cette dignité.

Lui donnons droit par préférence

d’admittatur en la séance

Sans qu’on puisse lui contester

La liberté de consulter

L’une de nos nobles franchises,

À lui très dignement acquises

Par ses nombreuses fictions,

Chimériques prétentions,

Talents qui sont dans nos archives

Les plus nobles prérogatives

À lui permis, ab hoc ab hac

Sur le simple etiquet du sac [sic]

Selon sa louable habitude

Sans qu’il soit besoin d’autre étude,

De plaider ou conseil donner,

Librement de tout raisonner

Avec faculté de médire

Sans passer chez nous pour satire.

Le créons et instituons

Autant que faire le pouvons

Conservateur des mômeries

Qu’on admet en nos plaidoiries.

Attachons à ces qualités

Gages, honneurs, immunités

Avec un utile honoraire,

Non d’une plume mercenaire,

Et par ce même bref voulant

Le traiter favorablement,

Accordons sursis, surséance

Pour raison de toute créance

Contre lui qu’on pourrait avoir,

Nous réservant le plein pouvoir

De payer de notre monnaie,

Empêchant que par toute voie

Il ne puisse être inquiété

Ni recherché, ni sergeanté

En vertu d’aucune contrainte

Logeant partout gratis, sans crainte

Des frais principaux, intérêts.

En vertu du présent arrêt,

Purgeons ses biens de l’hypothèque,

Dégageons sa bibliothèque,

Comme l’arsenal de nos lois

De l’atteinte de tous exploits.

Enjoignons à toutes pratiques

De se munir de ses rubriques ;

Même pour augmenter son bien

Le nommer grand diseur de rien

Sans qu’aucun y trouve à redire.

Par bonnes raisons ou délire

Par forme de capacité,

De science et d’activité

Et sans tirer à conséquence

Lui permettons l’expérience,

Car ainsi nous plaît et voulons.

À tous nos juges adressons

Nos commissions rogatoires

Afin, sur nos réquisitoires,

D’installer tous les dessus dits

En leur bonne fame et crédit,

Rangs, honneurs, attributs insignes

Dont nous les avons jugés dignes.

Fait au conseil du Régiment

L’état assemblé, nous séant,

Du mois d’avril le vingt et un

De l’an mil sept cent trente un.

 

Plus bas

 

Le bâtonnier. Vu la présente

Exécuter sans nulle attente.

Scellé du grand sceau calotin

Par nous le chancelier Follin.

Numéro
$4395





Références

F.Fr.15017, f°61r-67r


Notes

Texte très souvent incohérent. On Quelle en est même l'occasion ?