Aller au contenu principal

Compliment de l’orateur de la Calotte, à Messieurs les auteurs du nouveau Journal Litt… sur leur incorporation dans le bataillon des Wallons auxiliaires de la Calotte

Compliment de l’Orateur de la Calotte,
à Messieurs les auteurs du nouveau Journal littéraire
sur leur incorporation dans le bataillon des Wallons, auxiliaires de la Calotte
Messieurs,
    Je vois déjà, je lis dans les yeux de cette auguste assemblée, que chacun applaudit au choix que Momus, notre souverain, a fait de vous, pour remplacer les illustres anonymes que la fureur des épiciers et des autres barbares, nos ennemis, nous a rapidement enlevés. Époque fatale et à jamais mémorable ! On a vu même des libraires favoriser les exploits de ces Goths modernes, et par la plus noire des trahisons se liguer avec eux pour faire périr l’élite des troupes auxiliaires de la Calotte. C’est ainsi que le deuil et la douleur sont entrés chez nous. Oui, Messieurs, nous pleurons encore l’Histoire littéraire de l’Europe, l’Europe savante, la Critique désintéressée des journaux, les Nouvelles littéraires, la Gazette des savants, précieux monuments du mérite des Wallons, auxquels vous avez l’honneur de succéder aujourd’hui. Il ne nous reste d’eux que le souvenir ; à peine les barbares nous ont laissé quelques traces des exploits de ces héros. L’histoire de la Calotte doit recueillir ces tristes débris que l’ignorance et le mauvais goût des admirateurs de Bayle, Le Clerc et Beauval1 n’a pu achever de détruire. Après une perte qui nous paraît irréparable, quel bonheur pour la Calotte, de trouver en vous les restaurateurs de ces monuments, cette force de génie, ce courage, cette vigueur que nous avons admirée dans les généreux Wallons, vos prédécesseurs ! Souvenez-vous toujours, Messieurs, que l’on vous incorpore en leur place. Par là, vous contractez une obligation indispensable de les suivre, de les imiter, de les surpasser, s’il est possible. Nous n’avons pas de peine à croire que vous remplirez cet engagement. Les détails de vos progrès, que vous nous donnez tous les trois mois avec tant de précision ; cette ironie si délicatement répandue sur ceux à qui vous vous destinez pour ennemis, sont des gages suffisants de votre valeur. À ces talents, vous joignez une modestie incomparable, une pénétration excellente, une connaissance parfaite de tout ce qui s’est passé de plus glorieux dans le monde, depuis Adam jusqu’à nous. Enfin vous possédez seuls cette vaste capacité, par laquelle on est véritablement, pour me servir des expressions vulgaires, au poil et à la plume et omnis homo.
    Je finis, Messieurs, en vous priant de considérer encore que le corps où vous entrez n’a rien d’étranger pour vous. Les places que Momus vous donne, vous deviez les avoir par un droit incontestable. Ici tout est plein de vos aïeux. L’esprit qui les animait, l’enthousiasme qui les faisait agir, leurs vertiges, leurs délires, tout cela doit vous conduire à la réputation qu’ils ont acquise.

 

  • 1Journalistes célèbres et très estimés (M.).

Numéro
$4141





Références

1732/1735, III,154-58 - 1752, III, 53-55 - Lille BM, MS 66, p.275-79