La Guinguette de Ramponneau
La guinguette de Ramponneau1
Chantons l’illustre Ramponneau
Dont tout Paris raffole,
L’on a chez lui du vin nouveau
Et fille qu’on cajole.
C’est là que Michaud
Renverse Isabeau
Sur le cul d’un tonneau.
Et ziste, et zeste, point de chagrin ;
L’on s’y rigole avec son vin.
L’on danse au son du tambourin,
L’on fait la cabriole ;
L’on s’y bat, l’on y prend au crin
Le brave qu’on enrôle ;
Puis l’on en revient
Au vin qui soutient,
A Catin qui vous tient,
L’on s’y rigole avec Catin.
Lorsqu’on est las de Catin
L’on embrasse Nicole,
Qu’on abandonne le matin
Pour Suzon qu’on bricole,
Ou pour Jeanneton,
Ou pour Margoton,
Ou pour mamzell' Tonton,
L’on s’y rigole avec du vin.
Le vin fait revivre l’amour
Et lui rend la parole ;
Le vin altère, et tour à tour
L’on boit et l’on s’accole.
Couchés ou debout,
Ici, là, partout,
L’on boit et l’on f…
L’on s’y rigole avec Catin.
Vous, filles de trop bonne foi,
Que l’amour affriole,
Faites-y des sujets au Roi ;
Coûtent-ils une obole ?
Quand vous en avez
Ils sont élevés
Chez les Enfants-Trouvés.
Et ziste, et zeste, point de chagrin,
L’on s’y rigole avec le vin2
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- 1 - Jean Ramponneau, cabaretier de la Basse Courtille, tenait à l’enseigne du Tambour royal une guinguette fréquentée surtout par les acteurs et les auteurs du boulevard. Le commerce des gens de théâtre lui inspira le désir de paraître sur les planches. Un entrepreneur de spectacles, Gaudon, comptant sur la popularité du tavernier, n’hésita pas à l’engager. Mais après une représentation d’essai, donnée sur un théâtre de société et fort mal accueillie Ramponneau se désista ; de là un procès célèbre entre les parties, procès dans lequel Voltaire lui même intervint en faveur du cabaretier, qui gagna sa cause et revint à sa guinguette plus célèbre que jamais. Sa popularité fut immense et il devint, comme l’a remarqué Grimm, « l’unique objet d’attention de la cour et de la ville ».
- 2Cette chanson est de Collé. (M.)
Raunié, VII, 321-22