Bouquet donné par un calotin à un ami le jour de la Saint-Jean
Bouquet donné par un calotin à un ami
le jour de la Saint-Jean
Par Saint Jean, dis-moi, je te prie
De quel Jean portes-tu le nom ?
Tu n'es point dans la litanie
De ces Jeans de mauvais renom.
Au Diable celui qui t'appelle
Ou Jean Gilles ou Jean de Nivelle,
Ou Jean le vert, ou Jean le roux
Ou Jean Jugeolle, ou Jean Farine.
Tu n'es ni Jeannot ni Jean fou,
Ni gros Jean ni Jean de l'épine
Ni Jean d'Ève, ni Jean Ridon
Ni Jean qui, prononcé par un homme en colère
Est pire qu'un coup de tonnerre
Pour une pudeur de quinze ans
Ce n'est point non plus de ces Jeans
Dont le menton déplaît à maintes prudes dames.
Tu n'es point Jean de par ta femme
N'étant rien moins que Jean Doucet,
Jean qui ne peut, ou Jean fausset.
Ce qui te manque un peu c'est la bacchique trogne.
À table tu n'es qu'un Jean Logne.
Jean Potage n'est point ton nom.
Serais-tu Jean d'Avolos ? Non.
Ni donc Jean des Enluminures,
Ni Frère Jean des Entournures,
Jean des Vignes tu ne fus onc.
Quel diable de Jean es-tu donc !
Ne sachant à quel Jean tu portes ton offrande,
D'un ton plus sérieux je finis ma légende.
Fêtes-tu Jean d'Été, fêtes-tu Jean d'Hiver
Ou quelqu'un de Jean du Désert,
Jean de Latran ou Jean Porte latine
Ou bien Porte Latin, lequel des deux devine.
Finissons par deux Jeans : Jean Premier, Jean Second.
Ils suffiront pour te louer à fond
Et te faire un bouquet qui fleure comme baume,
Je te crois par l'esprit un vrai Jean Chrysostome
Et par le coeur un Jean Le Rond1 .
- 1Ce qui laisserait supposer que cet ami n'est autre que D'Alembert.
Lille BM, MS 65, p.462-64 - Stromates I, 401-02