Vers sur le retour de M. l’archevêque
Vers sur le retour de M. l’archevêque
J’ai vu les vertus consternées
Baigner de leurs timides pleurs
Les guirlandes de fleurs
Dont la religion les avait couronnées.
J’ai vu la foi sur un trône ébranlé,
Craintive même au sein de l’espérance,
Jeter en soupirant un regard vers la France.
Hélas ! Beaumont languissait exilé.
Ah ! d’autres jours viennent de naître !
Consolez, rassurez vos enfants abattus,
Sainte religion ! Beaumont va reparaître,
Rappelé par un maître
Qui voit que son exil fut celui des vertus.
Quoiqu’en tous lieux, son courage intrépide
Plante vos sacrés étendards,
Quoique de son troupeau l’agneau le plus timide,
Osât toujours sur les pas de son guide,
Du loup qui l’épiait affronter les regards,
Il vous sera rendu sur ce siège sublime,
Où docilement écouté,
Ou juge et non victime,
Sa doctrine en impose à l’incrédulité,
Comme ses mœurs en imposent au crime.
Il reparaît, ce pasteur magnanime !
Ô spectacle ! Ô triomphe ! habitants des autels,
Anges, soyez témoins des accents solennels,
Que pousse en le voyant la piété sincère.
Le pauvre en lui bénit son bienfaiteur,
Le prêtre inquiété, son appui nécessaire ;
La vérité, son ange tutélaire,
Paris, son Athamase, et Rome, son vengeur.
Clairambault, F.Fr.12721, p.363 - CLK, novembre 1759, t.I, p.521-22