Sans titre
Que le Diable emporte Bernage
Avec son superbe étalage !
Est-ce dans un temple de paix
Qu’il faut ensanglanter la terre1 ?
Il a risqué plus de sujets
Que n’aurait pu faire la guerre.
Armés pour un pouce de terre
Cent mille hommes et plus en guerre
C’est un petit mal pour un bien.
Mais au milieu du brigandage
Exposer tout Paris pour rien,
Voilà le talent de Bernage.
La paix déguisée en sibylle
Regardait tristement la ville.
Le rameau qu’elle avait en main
Était doré comme un calice
Les places demandaient du vin2
Et le feu3 manquait d’artifice.
Au-dessus de tous les trophées
Deux planches des plus mal ornées4
Annonçaient un Vive le Roi !
L’ouvrier se voit par l’ouvrage.
Sans dire ni qui ? ni pourquoi ?
On se disait : c’est du Bernage.
Chacun regardant l’édifice
De ce tant beau feu d’artifice
Voyait la paix d’un air penché
Qui semblait être une pleureuse.
On se disait en plein marché
C’est que la pauvrette est honteuse.
Mazarine Castries 3989, p.353-54