Sans titre
Pourquoi ce festin public1 ?
Est-ce un picnic ?
Non, c’est un gueuleton,
Donné, dit-on,
Pour célébrer la paix,
Et de ces beaux apprêts
La ville fait exprès
Les frais.
Quelle finesse ! quel goût
Règne partout !
Quels célestes effets
Font ces buffets !
Et ce donjon doré,
Mal décoré,
Est-ce un temple sacré ?
Mais sur l’eau,
Effort nouveau,
Je vois flotter une salle
Où Bacchus, Momus, Comus
Tiennent boutique de scandale.
De ce spectacle enchanteur
Nomme-t-on l’admirable auteur ?
Le nommer, dites-vous ? Non.
Bernage a-t-il un nom
Pourquoi ce festin, etc.
Ah ! ah ! entends-je là.
Paix, chut !
C’est le début,
Ce bruit
Que la canaille produit
Annonce ce qui suit :
Ah ! ah ! etc.
Pan. Canons, ronflez,
Feux en l’air, brillez
Partez, violons,
Dansez, polissons,
Coulez, nectar doux,
Coquins, saoulez-vous
Puis faites voler les coups.
Quel bacchanal !
On vomit et l’on pisse au bal
Et maint buveur
S’écrie avec mal de cœur,
Que de cervelas !
Nous en sommes las ;
On jure tout haut
Contre le prévôt ;
Ensuite le guet
Mène au Châtelet
Les convives du banquet.
- 1Au sujet du feu d'artifice et de la salle du bal, faits à l'occasion de la publication de la paix, le 13 février 1749 (F.Fr.10478) - Les fêtes données à Paris le 12 février à la publication de la paix par Bernage, prévôt des marchands.
Clairambault, F.Fr.12719, p.51-54 - F.Fr.10478, f°297r-298r - BHVP, MS 542, p.419-21 - Mazarine Castries 3989, p.347-49