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Sur le procès de Beaumarchais

Épigramme sur le procès de Beaumarchais
Le public1 , seul juge suprême
En matière d’opinion,
Blâme le Parlement lui-même,
Et condamne à la question
Marin d’abord, comme espion ;
Puis, comme usurier et fripon,
Le livre au bourreau pour le pendre ;
Renvoie absous le Beaumarchais,
Et lui donne ordre d’entreprendre
L’histoire du nouveau Palais.
Quant à Goëzman, son adversaire,
Sa peau, transformée en tambour,
Publiera qu’il faut être austère ;
Et sa compagne, dès ce jour,
Rejoindra la Salpêtrière,
Pour y disserter sur l’amour.
D’Arnaud, Lejay, Bertrand d’Airolles2 ,
Vides de sens et de raison,
Iront de droit, d’après leurs rôles,
Tous trois aux 3 Petites-Maisons.

  • 1L’arrêt rendu le 26 février était ainsi conçu : « La cour, toutes les chambres assemblées, faisant droit sur le tout, pour les cas résultant du procès, condamne Gabrielle-Julie Jamart, femme de Louis‑Valentin Goëzman à être mandée à la chambre pour, étant à genoux, y être blâmée ; la condamne, en outre, en trois livres d’amende envers le Roi, à prendre sur ses biens, sans s’arrêter ni avoir égard à la requête de Pierre‑Augustin Caron de Beaumarchais et faisant droit sur les conclusions du procureur général du Roi, ordonne que ladite G.‑Julie Jamart, sera tenue même par corps de rendre et restituer la somme de 360 livres par elle reçue d’Edme‑Jean Lejay, pour être ladite somme appliquée au pain des pauvres prisonniers de la Conciergerie du Palais ; condamne pareillement P.‑A. Caron de Beaumarchais à être mandé à la Chambre, pour, étant à genoux, y être blâmé, le condamne en outre en trois livres d’amende envers le Roi à prendre sur ses biens ; faisant droit sur la plainte du procureur général du Roi reçue et jointe au procès par arrêt de la cour, ensemble sur ses conclusions, ordonne que les quatre mémoires imprimés en 1773 et 1774 signés Caron de Beaumarchais seront lacérés et brûlés au pied du grand escalier du Palais, comme contenant des imputations téméraires, scandaleuses et injurieuses à la magistrature en général, à aucuns de ses membres et diffamatoires envers différents particuliers ; fait défense audit Caron de Beaumarchais de faire à l’avenir de pareils mémoires sous peine de punition corporelle… » (R
  • 2D’Arnaud Baculard, poète prenant la qualité de conseiller d’ambassade ; Lejay, libraire de la rue Saint-Jacques ; D’Airolles, négociant à Paris et ami du sieur Marin. (M.) (R)
  • 3tout droit

Numéro
$1349


Année
1774




Références

Raunié, VIII,300-02 - F.Fr.13652, p.214-216 et  - F.Fr.15141, p.410-11 - Hardy, III, 366