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Beati pauperes

               Beati pauperes

Un pauvre hère1 , enfant de l’hélicon,

Gisait mourant, à peu près, sur la paille ;

Et pour payer casse ou catholicon

Dans son coffret n’avait denier, ni maille.

Un gros banquier2 regorgeant de mitraille

En même temps était malade aussi :

Guérissez-moi ! s’écriait celui-ci,

Voilà de l’or. Chers enfants d’Esculape,

S’écriait l’autre, en cas que j’en réchappe,

Je vous promets au Pinde un beau loyer !

 

La faculté vers ce lieu ne galope :

En l’autre parc, elle aime à giboyer :

Si que bientôt, de Vernage à Procope,

D’Isez à Pousse, et d’Astruc à Boyer,

Depuis le cèdre enfin jusqu’à l’hysope,

À son chevet notre veau d’or eut tout.

L’art s’étala pour lui de bout en bout.

Le pauvret n’eut pour lui que la Nature.

Qu’en advint-il ? Le pauvret est debout,

Et le richard est dans la sépulture.

  • 1Piron.
  • 2Samuel Bernard.

Numéro
$7531


Année
Inconnue

Auteur
Piron



Références

Lettres de M. de V***, p.161-62 - Choix d'épigrammes, p. 76 - Piron, OC, t.IX, p.185