Aller au contenu principal

Sur la bataille de Raucoux

Sur la victoire de Raucoux

En vain, prince Charles, voudrais-tu t’obstiner

À rester dans ton camp dont on veut te chasser ;

Notre grand maréchal en sait plus long que toi :

Il vient de te donner un cheval de renvoi.

 

Ce fut par un mardi, dans les champs de Raucoux.

Pour l’avoir attendu, tu ressentis ses coups :

Si Maurice avait eu le pouvoir de Josué,

Allemands comme Anglais, tout se serait noyé.

 

À quoi te servait donc cent pièces de canon ?

Il t’eût bien mieux valu d’avoir autant de ponts,

Car dans la nuit, ma foi, il n’est pas de bon gué,

On les manque toujours quand on est trop pressé.

 

À Liège tu comptais hiverner à gogo ;

Maurice te permet d’aller dans le Brigau.

Pour vous, braves Anglais, faut repasser la mer :

Les Bretons vous font voir que vous savez ramer.

 

Messieurs les Hollandais, vous voilà bien penauds ;

Je vois enfin trembler vos État généraux.

Nous allons à Breda parler d’un autre ton ;

Pour le printemps prochain ceci sert de leçon.

 

Vous, pauvres Bavarois, jadis nos bons amis,

Vous vous mordez les doigts de nous avoir trahis.

À quoi pensiez-vous donc en venant de si loin ?

Nos braves fantassins vous ont servi à point.

 

Et vous, fameux Hessois, qu’on a pour de l’argent,

Avouez que nos Français vous ont payés comptant.

Pour vous, Hanovriens, repassez le Weser ;

Vous avez grand besoin de vous y recruter.

 

La prise de Louisbourg vous a rendus bien fiers ;

D’Anville à l’Acadie vous la fait payer cher.

Heureux si cet hiver notre grand roi veut bien

Vous rendre ce pays et reprendre le sien.

 

Pandours et hussards, allez chacun chez vous

Car ici vous n’avez à gagner que des coups.

La Morlière et Grassin et nos braves houlans,

Si vous y revenez, vous montreront les dents.

 

Adieu, reine de Hongrie ! Adieux vos Pays-Bas !

Maurice les a pris ; vous ne l’en chasserez pas.

Un si grand général qui conduit les Français

Se moque des alliés et de tous les Hongrois.

 

Et toi, Maurice, dont la gloire suit les pas,

Conserve-toi pour nous, sois fier de tes soldats ;

Nous te suivrons partout, conduits par ta valeur,

Sûrs que des ennemis tu seras le vainqueur.

 

Vous, brave Lowendal, et vous, comte d’Estrées,

Sur les pas de Bourbon vous nous avez montré

Qu’il ne manque aux Français que d’être bien conduits

Pour passer sur le ventre à tous leurs ennemis.

Numéro
$5783


Année
1746




Références

Marville, III, 53-54