Aller au contenu principal

Sans titre

Ah ! Prinzen1 , par pitié, daignez du moins m’entendre.
Oui, mes vers sont d’un froid et et d’un lourd sans égal ;
Mais le mal que je fais, vous pouvez me le rendre :
Faites-moi quelque jour lire votre journal.

  • 11er novembre 1774. On dit que le Journal des dames recommence depuis cette année, et que le privilège en avait été accordé à une certaine baronne de Prinzen, fort entichée de la manie de faire des vers, et remplissant ce journal de ses insipides productions. Cette dame se trouvait, il y a peu de temps, dans une petite société littéraire où chacun a la liberté de produire ses ouvrages. Un sieur Gilbert, poète dans toute la valeur du terme, qui ne manque pas de talent, et surtout est doué d’une chaleur singulière, telle qu’il a l’air d’un énergumène en récitant ses opuscules, lisait une pièce de poésie de sa façon. La baronne, sans égard pour l’amour-propre de l’auteur, causait et riait avec une grande indécence pendant cette lecture, au point que le sieur Gilbert s’en apercevant et ne pouvant y tenir de rage, met son papier sur la table, et regardant Mme de Prinzen, lui adresse le quatrain suivant (M.).

Numéro
$2369


Année
1774




Références

Mémoires secrets, IV, 670 - Choix d'épigrammes, p.135