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Le Veau à l’octroi

Le veau à l’octroi
Un courtisan qui venait de Marly1 ,
Voulant sauver d’un veau les droits à la barrière,
Dans sa chaise à ses pieds l’avait enseveli.
Mais par malheur le veau s’en plaint à sa manière,
Et fait ouïr sa mugissante voix.
D’abord commis alerte : « On fraude ici les droits ;
D’un grand procès-verbal voici belle matière,
Confisquons tout. — Messieurs, je suis le baron Tel. —
Fussiez-vous duc, que nous importe ;
Vilains, nobles, prélats, tout paye à cette porte ;
Non rien n’en est exempt, non pas même l’autel. —
Je suis lecteur du roi. — Bon ! bon ! vous voulez rire ;
Si vous étiez à ce soin attaché
Vous auriez commencé par lire
L’ordonnance du pied fourché.
Je suis introducteur d’ambassadeur en France.
D’ambassadeur, reprit un plaisant du bureau,
D’ambassadeur, soit ; mais sur ma conscience
Vous ne le serez pas aujourd’hui de ce veau. »

  • 1« L’aventure arriva à M. le baron de Breteuil, introducteur des ambassadeurs, qui avait défié les fermiers généraux de le surprendre dans la fraude des droits d’entrée qu’il voulait faire. On lui en servit le lendemain chez un fermier général un quartier qui fut assaisonné de beaucoup de plaisanteries. » (Mélanges de Boisjourdain.) (R)

Numéro
$0325


Année
1718




Références

Raunié, III,105-06