Aux jésuites
Aux jésuites1
Vous que tout l’univers déteste,
Monstres affreux, société funeste,
Qui partout ne cherchez qu’à nuire,
Écoutez ce que je vas dire.
Autrefois dessus votre porte,
Comme tout le monde rapporte,
L’on voyait le chiffre divin
Gravé par une habile main
Sur un marbre ou sur une pierre ;
Sur quoi ? ce n’est pas une affaire ;
Mes bons Pères, passons au fait ;
Qu’une si légère dispute
Ce soit pas ce qui nous rebute,
Ni ce qui me rend plus distrait.
Sitôt que de Louis le Grand
Vous surprîtes les bonnes grâces
Sans délibérer un moment
Chacun de vous veut qu’on enchâsse
Pour un superbe monument
Collège de Louis le Grand
Votre troupe, fertile en assassins,
En choisit un parmi sa bande
Qui va porter sa meurtrière main
Sans craindre aucune réprimande
Sur le sacré nom de Jésus.
Je frémis de le dire et demeure confus.
Un coup de marteau fit l’affaire
Un scélérat jésuite osa jeter par terre
Un nom qui fait trembler les cieux,
Redouté des mortels, des démons furieux.
À présent que Louis est mort
Et qu’avec lui votre puissance
Pourra tomber en décadence
Écoutez, jetez-moi dehors
Cet écriteau que chacun blâme.
Ne craignez point qu’on vous traite d’infâmes
Si vous voulez ainsi qu’auparavant
Être appelés de Jésus les enfants.
Mettez sur votre porte écrit
Ce nom que vous avez proscrit
Car mes pères, pour moi je vous dit ce secret
Je vous ai cru jusqu’à présent
Compagnons de Louis le Grand
Mais ma foi, nous voilà pris dans le trébuchet.
- 1Contre les jésuites, au sujet du nom de jésuite qu'ils ôtèrent de dessus leur porte pour y mettre celui du roi.
F.Fr.12500, p.404 - BHVP, MS 551, p.229-41 (erreur de pagination)