Au sujet du mariage de M. le Dauphin
Au sujet du mariage de M. le Dauphin avec Marie-Josèphe de Saxe, princesse de Pologne
Quel spectacle charme mes yeux !
Ô la brillant fête
Que dans ces agréables lieux
Aujourd’hui l’on apprête.
J’aperçois autour des autels
Au dieu du vin dressés
Des troupes de joyeux mortels
Saintement empressées.
Ce dieu sensible à leur ardeur
D’une main bienfaisante
Répand sur eux de sa liqueur
Une pluie abondante.
Chacun tend la bouche et la main
L’une et l’autre est remplie,
L’une de chair, l’autre de vin.
Quelle agréable pluie1
!
Ici paraît en ce beau jour
Le dieu de la tendresse,
Suivi d’une nombreuse cour
De fringante jeunesse.
Là, sur un char d’or éclatant
La belle Polonaise
Par son air affable et charmant
Remplit tous les coeurs d’aise.
Vénus pour la féliciter
Abandonne Cythère ;
Mars et Pallas pour l’escorter
Descendent sur terre ;
Junon même quittant les cieux
Pour voir ce beau spectacle
Parmi les danses et les jeux
Prononce cet oracle.
Le présent que vous possédez,
Français, est admirable ;
Mais celui que vous attendez
Est bien plus désirable.
Louis, cet oracle est pour vous,
Plutôt que tout autre.
Mais votre bonheur, croyez-moi,
Sera toujours le nôtre.
- 1L’on parle ici des salles de bal qui furent faites au premier mariage de M. le Dauphin, où l’on distribuait de la viande, du pain, du vin, et l’on y dansait (M.).
Clairambault, F.Fr.12716, p.129-30 - Maurepas, F.Fr.12650, p.93-94 - F.Fr.13658, p.269-70 - F.Fr.15151, p.117-22