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Au poète qui a prêté sa plume au bourreau d’Orléans

Au poète qui a prêté sa plume au bourreau d’Orléans

Le bourreau d’Orléans vous est fort obligé ;

Vous plaidez chaudement sa cause

Mais ce n’est pas pour rien qu’en poète érigé,

Et négligeant pour lui la prose,

En vers vous expliquez la chose.

Comme avocat, habile, adroit,

Vous faites bien valoir son droit.

C’est, dites-vous, une entreprise

Qui grandement vous scandalise

De brûler sans exécuteur

L’écrit d’un hérétique auteur.

Mais, cher rimeur, ne vous déplaise

Saint Luc rapportant qu’on brûla

Les mauvais livres dans Éphèse,

Dit-il que le bourreau fut là ?

Et vous, esprit hétérogène,

Grenouille qui sort, non de l’eau,

Mais du limon de l’hypocrène,

Vous demandez que le bourreau

Paraisse à vos yeux sur la scène ?

C’est avec beaucoup de raison

Que pour ses intérêts votre bile s’allume,

Et qu’avec cet acteur vous avez liaison.

Tel rimeur aujourd’hui prête au bourreau sa plume,

A qui peut-être, dès demain,

Le bourreau prêtera sa main.

 

Numéro
$6878


Année
1711




Références

Clairambault, F.Fr.12695, p.47-48 -  Maurepas, F.Fr.12627, p.33-34