Chanson nouvelle sur la Comédie de Cartouche
Voilà Cartouche pourtant pris.
Nous faut chanter sa vie.
A présent, il est bien surpris
De se voir dans la gêne
Au Châtelet de Paris,
Bien garroté de chaînes.
Plus de six mois on l’a cherché
Sans pouvoir l’attraper.
Chacun dit : faut qu’il soit sorcier,
Comment peut-il donc faire
Pour pouvoir se sauver ?
C’est imaginaire.
Quand il s’est vu trop poursuivi,
Il a gagné pays,
Disant : vous croyez me tenir
Le cul dans une hotte.
Vous en aurez menti,
Je m’appelle galope.
D’une troupe de garniments
Il est commandant,
Qui pillait partout hardiment
En observant ses ordres.
Homes, femmes et enfants
Mettaient tout en désordre.
Quantité de ses associés
Ont été arrêtés
Dans plusieurs carniers.
C’est ce qui les chagrine
Car ils ont accusé
Tous leurs vols et leurs crimes.
Quand il a été sous des champs,
Il a dit à ses gens :
A nous plus l’on ne pense,
Faut tout piller vraiment
Et mettre en décadence.
A la haute borne, il a été
Avec ses associés,
Croyant y être en sûreté.
Mais toute sa malice
N’a pas pu l’exempter
D’être pris au gîte.
Cartouche a été arrêté
En bonne compagnie :
Bien cinquante valets de pied
Qui lui servaient d’escorte.
Peur de le fatiguer,
Il était en carosse.
A présent qu’il est en prison,
Cartouche n’est point son nom
Dans toutes ses interrogations
N’a point commis de fautes,
Il n’est point un fripon,
L’on le prend pour un autre.
Ses chaînes n’ont pas empêché
Qu’il s’est voulu sauver.
Mais il a été rattrapé
Et remis dans sa cage,
Pour lui apprendre à chanter
Un fort triste ramage ;
On le joue à la Comédie.
Nous en avons tant ri,
Arlequin, Scaramouche aussi.
Ils jouent fort bien leur rôle,
L’on dirait que c’est lui
Avec tous ces vols.