Sans titre
Vous me jurez en vain que pour toute la vie
Du tendre amour dont votre âme est saisie
Mes yeux ont fait l’enchantement1 .
Si vous voyez jamais deux beaux yeux de l’Asie
Vous m’oublierez dans le moment.
On dit qu’au pays de l’Aurore
Une rose qui vient d’éclore2
Du jardin des plaisirs est le riche ornement.
Hélas, comment le soleil quelle adore
Peut-il en détourner ses regards un moment ?
Ne craignez rien, rose immortelle,
Dès qu’on vous plaît on est fidèle.
Vous fixez pour toujours ses regards les plus doux.
Dans quelque lieu que son destin l’appelle,
Trouvera-t-il jamais rien de si beau que vous ?
- 1Vers ajoutés à la comédie de l'Oracle pour l'ambassadeur turc et débités par Mlle Gaussin, principale actrice à qui il avait dit des choses obligeantes et galantes avant la représentation de cette pièce en janvier 1742
- 2On prétend que l’ambassadeur turc a laissé à Constantinople une maîtresse géorgienne qu’il nomme la Rose et qu’il aime passionément.
Arsenal 3133, p.469