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Allégorie sur Madame de Châteauroux

 

Allégorie sur Madame de Châteauroux

Mademoiselle Fanchon

Depuis dix mois et près d’onze

Tu m’as coûté du michon.

Je suis enfin las d’être gonze

Je vais avec grand plaisir

Te planter là pour reverdir. (bis)

 

De n’avoir que moi d’amant,

Tu m’avais ta foi donnée.

Mais oubliant ton serment

Tu vis comme une abandonnée.

Je suis honteux quand je vois

Comme tu foules aux pieds ta foi. (bis)

 

Quand je t’allais cajolant

Tu faisais bien la sucrée

Quoiqu’en ton cœur maint galant

Comme moi sans peine eut entrée

Pour suffire à tes besoins,

On t’en connait bien douze au moins. (bis)

 

Certain conseiller surtout

À figure longue et blême

Pour toi s’est senti du goût

Et pour lui tu t’en sens de même.

Mais ce flandrin-là, ma foi,

N’est pas un vivant comme moi. (bis)

 

À contenter ton désir,

Attaché comme un esclave,

Pour te donner du plaisir

Mon pauvre corps devait hâve ;

J’avais du mal comme un chien ;

J’étais fou, tu t’en moquais bien. (bis)

 

Pourtant ce petit poupard

Dont tu te trouves la mère

N’est point du tout mon bâtard,

Mais bien celui d’un autre père.

Parmi la foule, je crois

Qu’il sort du conseiller du Roi (bis).

 

Assez généreusement

Pour ta petite fortune

De quoi bien honnêtement

Je te fournissais de la tune ;

De ceux qui t’ont fait l’amour

Chacun t’en fournisse à son tour. (bis)

 

Chiant des yeux tu diras

Que te voilà malheureuse,

Mais je fais fort peu de cas

D’une femelle paresseuse

Qui s’adonnant aux plaisirs

A mal occupé ses loisirs. (bis)

 

Il faut, au lieu de rester

Dessus ton cul comme un singe,

Coudre, filer, tricoter

Blanchir ou travailler en linge

N’ayant pas gagné de quoi

Avec ton conseiller du Roi. (bis)

 

La race des bons michés

Pour le sexe est complaisante,

Mais ils sont fort recherchés.

Si quelque luron se présente

Qui veuille t’entretenir,

Prends-moi le vite et sans choisir. (bis)

 

Conserver ton souvenir

Offenserait trop ma gloire.

C’est pourquoi je veux bannir

Absolument de ma mémoire

Tes appas trop dangereux

Et que tu pusses plaire à mes yeux. (bis)

 

Crois-tu que quelques objets

N’aient rien qui te surpasse

Ni qu’on ne puisse jamais

Dans mon cœur t’enlever la place ;

À la remplir mieux que toi

Bien d’autres conviendront pour moi. (bis)

 

Tes pleurs seront superflus.

Pour engueuser la Tulipe,

Tu ne me reverras plus,

Rends-moi mon briquet et ma pipe

Va loin des lieux où je suis

Cacher ton trouble et les ennuis. (bis)

 

L’automne fuit à grands pas,

L’hiver vient en diligence

Mais en perdant ses appas

On gagne de l’expérience

Tu pourras dans quelques ans

Donner des conseils aux galants. (bis)

Numéro
$7609





Références

F.Fr. 15134, p. 878-82


Notes

Guerre de Succession d'Autriche. $7599-7609 sont destinés à exalter les sentiments d'attachement à la monarchie et ses succès militaires. Le ton emphatique et l'extrême médiocrité de l'expression permettent d'attribuer tous ces textes à une même plume.