Allégorie singulière
Allégorie singulière
Enfin c’en est donc fait, le calvinisme expire.
Mithridate est bâtard, tu l’avais su prédire.
L’impudique Fillon, du conclave interdite,
Se fait saigner au pied ; Mahomet en sourit.
Me trompai-je, grands dieux ! hé quoi, le grand Homère
Vient prêcher le carême aux enfants de Cythère ;
Que de veuves en pleurs, que de soupers aux choux ;
Courcillon est vivant, Phocas est à genoux.
J’aime les vers pompeux, j’aime les huîtres vertes.
Nos enfants sont battus, nos femmes sont couvertes.
Sodome renaissez, montez sur vos ergots.
Le secret m’est connu, je le tiens de Momo.
Mon esprit orgueilleux embrasse l’hémisphère.
Finissons. Mais pourquoi le profane vulgaire
S’applaudirait sans doute et me croirait à sec ?
Non, non, montrons plutôt un visage rebec.
Trajan et Ménélas sont aux Barcelonnettes
Et Jupiter Ammon se rase sans lunettes,
César en pet-en-l’air achète des marrons ;
Au jeune Astyanax donnons les violons ;
Que la veuve d’Hector nous prête sa calotte.
Le cardinal d’Ossat s’échappe sans culotte
Physée tient cabaret, Godefroy de Bouillon
Donne un bal à Jocaste et taille au pharaon ;
Junon pour son souper n’a plus qu’une macreuse.
Le concile de Trente épouse une danseuse ;
Le moyen de jouer si toujours Cicéron
Porte quinte à la Dame et regarde au talon ?
Hannibal et Cujas achètent l’Esplanade ;
Molière et Josué mangent une salade.
On doit s’attendre à tout dans ce vaste univers.
Saint Ambroise se frise et Esaü fait des vers
Reluctante cité, tu veux dont des nouvelles ?
Approche, écoute-moi, je t’en dirai de belles ;
Le purgatoire est mort d’une crête au nombril,
Le zodiaque mange un poisson sur le gril,
La lune au Parlement vient de prendre séance ;
Phèdre se met au vert pour sentir la cadence,
Et pour mieux célébrer ce grand événement
Le colosse de Rhodes achète un régiment.
F.Fr.15147, p.258-61