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Sans titre

Messieurs, je viens tous les ans1

Porter à l’Académie

Les vœux de mes partisans,

et la plus ardent envie.

Recevez, recevez, recevez-moi,

Je fais des vers comme un Roi.

 

Je sais coudre bout à bout

Et l’hémistiche et la rime.

Le travail vaut bien le goût.

Messieurs, telle est ma maxime.

Recevez, recevez, recevez-moi

Soit par grâce, ou par estime

Recevez, recevez, recevez-moi

Je fais des vers comme un Roi.

 

Quoique je ne sois pas fin,

Tout le monde me protège.

Pour arriver à ma fin

Je persécute et j’assiège ;

Recevez, recevez, recevez-moi

J’ai l’intrigue du collège.

Recevez, recevez, recevez-moi,

Je fais des vers comme un Roi.

 

Éterniser les héros,

C’est inutile entreprise,

Immortaliser les sots

Serait une chose exquise.

Recevez, recevez, recevez-moi

Pour remplir votre devise

Recevez, recevez, recevez-moi,

Je fais des vers comme un Roi.

 

Enfin me voilà reçu

Et grâce à l’Académie,

Dans tout le public déçu

Je passe pour un génie

Regardez, regardez, regardez-moi.

Qu’on siffle la Compagnie

Recevez, recevez, recevez-moi,

Je suis heureux comme un Roi.

  • 1M. l’abbé de Resnel a été régalé de ces couplets sur sa réception à l’Académie française.

Numéro
$6484


Année
1742




Références

Mazarine Castries 3988, p.90-92