Les exploits de Jupiter
Les exploits de Jupiter1
Du haut de son empyrée,
Jupiter considérait
D’un œil âpre à la curée,
Si par hasard il verrait
Quelque mirliton.
Ce dieu, toujours en haleine,
Ne put pas voir sans désir
La belle et charmante Alcmène,
Qui déplorait le loisir
De son mirliton.
Son époux, que la victoire
Éloignait de jour en jour,
- 1Autre titre: Histoire véritable et remarquable arrivée à l'endroit d'un mari, qui a été fait cocu d'une façon ancienne (Clairambault)
Raunié, IV,188-91 - Clairambault, F.Fr.12699, p.38-41
Sans titre
Que voyons-nous qui respire
Qui ne ressente l’amour ?
Les oiseaux sous son empire,
Usent dès le point du jour
De leurs mirlitons.
Ce que jeune fille n’ose,
N’ose appeler par son nom,
Ce que d’autres appellent chose,
Chose qui n’a point de nom,
C'est un mirliton.
Je trouve dans mes remarques,
Des auteurs grecs et latins,
Que ce qui fait les monarques,
Les cocus et les catins,
C’est le mirliton.
Pâris, jugeant en grand homme
Junon, Pallas et Vénus,
N’aurait pas donné la pomme
Raunié, IV,186-88 - Clairambault, F.Fr.12699, p.32
Éloge des mirlitons
Éloge des mirlitons
Je veux partager la gloire
De vos illustres projets,
Dans le temple de Mémoire,
Je vais placer les hauts faits
De vos mirlitons.
L’enfer, les cieux et la terre,
Tout est soumis à vos lois,
Et le maître du tonnerre
A cédé plus d’une fois
A vos mirlitons.
C’est vous qui, dans son empire,
Faites le bien et le mal ;
Créer, changer et détruire :
Tout se fait par le canal
De vos mirlitons.
Raunié, IV,183-86 - Clairambault, F.Fr.12699, p.16
Sans titre
Tout respire en ces retraites
Les flammes d’un tendre amour ;
Les rossignols, les fauvettes,
Las de chanter tour à tour,
Font le mirliton.
Faisons tout comme eux, la belle,
Dans notre jeune saison ;
Quand le plaisir nous appelle,
Qu’est-ce donc que la raison ?
C’est du mirliton.
Dessous ce feuillage sombre,
Étendue sur le gazon,
Après des baisers sans nombre,
Dès que je vois ton téton,
J’ai du mirliton.
Si ta pudeur trop sévère
Craint mes regards curieux,
Raunié, IV,181-83 - Clairambault, F.Fr.12699, p.16-17
Sans titre
Muse, prête-moi, de grâce,
De ta voix les plus doux sons ;
Iris veut que je lui fasse,
Quatre couplets de chanson
Sur son mirliton.
Quatre couplets, ce n’est guère,
Pour un si charmant sujet.
Si je puis, pourtant, les faire,
Je serai très satisfait
De mon mirliton.
Je ne trouve rien difficile,
Iris, pour vous contenter ;
Au lieu d’un vers j’en fais mille,
Quand il s’agit de chanter
Votre mirliton.
Mais, belle Iris, il me semble,
Que pour chanter encor mieux,
Raunié, IV,180-81
Sans titre
J’élevais dans l’innocence
Un jeune enfant pour l’aimer,
Et l’Amour, d’intelligence,
Se plaisait à lui former
Un beau mirliton.
Jamais la rose nouvelle
N’eut un éclat si charmant ;
Déjà tout croissait en elle :
Esprit, grâce et sentiment,
Hors le mirliton.
Le cœur rempli d’espérance,
J’attendais de jour en jour
L’instant de la jouissance,
Marqué par le tendre amour
De ce mirliton.
Que vainement l’on se flatte,
Que j’avais peu de raison !
J’ignorais que cette ingrate
Raunié, IV,179-80 - Clairambault, F.Fr.12699, p23-25