Les Poètes français II
J’ai beau lui crier qu’il s’égare,
Mes conseils sont hors de saison,
Et je vois son esprit bizarre
Embrasser follement la folle opinion
Qui fait de l’algèbre barbare
Un ornement de la raison.
Quel aride sentier pour sa muse fertile !
L’heureux imitateur du Tasse et de Milton
Aujourd’hui chantera sur le superbe ton
De la trompette de Virgile
Et demain tracera une ligne stérile
Avec le compas de Newton.
Que t’importe des cieux la vaine architecture,
Laisse autour du soleil la planète errer.
Arsenal 3128, f°284v
Fait partie d’un ensemble baptisé Les poètes français, comprenant J.-B. Rousseau, Voltaire, Crébillon, Desfontaines et Duclos.
Les poètes français. I
Illustre et malheureux Rousseau,
Rival de Pindare et d’Horace,
Dans tes mains l’immortel Boileau
Remit le sceptre du Parnasse.
Tu meurs, triste jouet du sort,
Victime de la pâle envie,
Admirable pendant ta vie,
Irréparable après ta mort.
Arsenal 3128, f°284v
Fait partie d’un ensemble baptisé Les poètes français, comprenant J.-B. Rousseau, Voltaire, Crébillon, Desfontaines et Duclos
Entretien d’Agenor Selim, bacha de Bender et d’Osmin, son confident,
Sur les entretiens du Roi avec Mme de la Tournelle
Clairambault, F.Fr.12711, p.11-14 - Maurepas, F.Fr.12647, p.7-10
La Crépinade ou le portrait de Roy
La Crépinade ou le portrait de Roy par Voltaire
Le diable un jour, se trouvant de loisir,
Dit : « Je voudrais former à mon plaisir
Quelque animal dont l’âme et la figure
Fût à tel point au rebours de nature,
Qu’en le voyant l’esprit le plus bouché
Y reconnût mon portrait tout craché. »
Il dit, et prend une argile ensoufrée,
Des eaux du Styx imbue et pénétrée ;
Il en modèle un chef-d'œuvre naissant,
F.Fr.10477, f°287 - Arsenal 3128, f°278r-278v - Arsenal 3130, p.216-18 - Poésies satyriques, p.5-6 - Satiriques du dix-huitième siècle, p.88-89
Portrait
Portrait
Né près des bains de Balaruc,
Aussi haut du moins qu’un heyduque
Ou qu’n grand grenadier de Prusse,
Brutal à peu près comme un Russe,
Auteur d’un livre plein de suc [de morbis venereis libri sex (1728)]
Sur un mal fatal au **
Marié, dit-on par ***
Habile à *** comte ou duc
De cent sottes nouvelles ***
D’un mandement sur une ***
De son vain babil l’aqueduc ***
Conduit ses malades ***
Aux lieux découverts par Vespuce
Pensionnaire de sœur ***
Qui malgré son âge caduc
Arsenal 3128, f°278r
Les poètes épiques
Les poètes épiques, qu’on attribue à Voltaire (1730)
Plein de beautés et de défauts
Le vieil Homère a mon estime.
Il est comme tous ses héros,
Babillard outré, mais sublime.
Virgile orne mieux la raison
Est plus tendre, a plus d’harmonie
Mais il s’épuise avec Didon
Et rate à la fin Lavinie.
De faux brillants, trop de magie
Ont mis Le Tasse un peu plus bas,
Mais que ne tolère-t-on pas
Pour Armide et pour Herminie ?
Milton, plus élevé que tous
Arsenal 3128, f°268r