Le triomphe de la Constitution1
La sainte Constitution
Repasse les montagnes,
Les moines de toute façon,
En chemin l’accompagnent.
Ah ! la belle procession,
La faridondaine, la faridondon,
Rien n’est égal en paradis, biribi,
A la façon de Barbari, mon ami.

Sur le dos d’un Ignacien,
Superbement montée,
Et du clergé sulpicien,
Gravement escortée ;
Elle entonne d’un joyeux ton
Un beau Laudate pueri.

Les inquisiteurs de la foi,
Ces modestes Jésuites,
Qui d’elles reçurent la loi,
La suivent à la piste,
Faisant chanter le Te Deum,
Avec un Regina cœli.

Les besaciers de saint François,

Qui portent barbe et pièces,
Font retentir à haute voix,
Mille chants d’allégresse,
Nasillonnant en faux bourdon,
Hosanna filii David.

Tous les évêques appelants,
Tenant en main leurs crosses,
Doivent l’escorter à pas lents,
Sans train et sans carrosse,
En grande lamentation,
Jusques aux portes de Chambéry.

Le beau cardinal de Rohan,
Lui sert de majordome ;
Les prélats de Reims et de Rouen,
Iront jusques à Rome,
Avec des acclamations,
Et des cris inouïs.

On n’entend qu’applaudissements,
Aux lieux de son passage ;
Les vieillards et les jeunes gens
Lui rendent leur hommage,
Étant pris d’admiration,
De voir l’œuvre du Saint-Esprit.

Tous les peuples sont attentifs
cette auguste marche,
Plus que jadis étaient les Juifs,
Au mouvement de l’arche ;
Aussi la Constitution
Est au-dessus de celle-ci.

Notre grand pontife Clément,
Et le sacré collège,
Partent de Rome incessamment,
Suivis d’un grand cortège,
Avec trompettes et clairons,
Pour la recevoir à grand bruit.

Quand le Saint-Père la verra,
Revenir triomphante,
Avec transport il lui dira,
D’une voix éclatante :
Venez, ô fille de Sion,
Tous mes souhaits sont accomplis.

C’est ainsi que saint Siméon,
Ayant vu le Messie,
Comblé de consolation,
Veut sortir de la vie.
Le pape sur le même ton,
La faridondaine, la faridondon,
Chantera le Nunc dimittis, biribi,
A la façon de Barbari, mon ami.

• 1Autre titre: Retour de la Constitution de Paris à Rome