Sans titre
Tous les maltôtiers de Paris
Sont en grande tristesse
De voir Miotte et Bourvalais pris
Pour leur grande richesse1
,
Dont on leur demande raison,
La faridondaine, la faridondon,
Pour les avoir si bien acquis, biribi,
A la façon de Barbari, mon ami.
Ces deux illustres scélérats,
Si remplis d’arrogance,
Ont ruiné tous les états
Qui composent la France ;
Mais les voilà dans la prison,
Où l’on saura les divertir.
Tremblez, vous tous leurs associés,
D’avoir suivi leurs trace ;
Aussi bien que tous nos caissiers,
Vous aurez une place
Dans cette royale maison,
Où vous trouverez du crédit.
N’attendez pas que la question
Fasse avouer vos crimes,
Faites votre confession,
Offrez quelques victimes,
Non des agneaux, mais des millions,
Et vous irez en paradis.
- 1« On accusait le sieur Bourvalais d’avoir fait depuis peu sortir du royaume la quantité de douze cent mille louis d’or à seize livres chacun, qui faisaient ensemble la somme de dix‑neuf millions deux cent mille livres. On assurait qu’il avait fait entendre au Régent qu’il ferait en sorte d’acquitter pour cent millions de billets de l’État au profit du roi, par les gens d’affaires qu’il connaissait et qu’il y contribuerait aussi de son côté. » (Journal de Buvat) Paul Poisson de Bourvalais avait commencé par être laquais ; puis il devint facteur, huissier, piqueur à la construction du Pont‑Royal et enfin intéressé dans les affaires du huitième, où il réalisa une fortune immense. (R)
Raunié, II,31-33 - Clairambault, F.Fr.12696, p. 44 - Maurepas, F.Fr.12628, p.259-60 - F.Fr.13655, p.98 - Arsenal 2937, f°242r-242v - Arsenal 2975/3, p.40-41