Épitaphe
Épitaphe de la Constitution
Ci-gît dame de haut renom,
Mauvaise Constitution1
,
Fille du diable ou d’un jésuite
Flatteur, scélérat, hypocrite,
Je croirais même avoir bien dit
Si je l’appelais sodomite.
Puisque mal du nom de Satan l’étant aussi,
Ce n’est que d’eux qu’elle est sortie.
Passants, plaignez son triste sort,
Elle se croyait déjà reine ;
Mais quand elle vit le roi mort,
Cela lui a fait tant de peine
Que, tout lui déplaisant ici,
Elle a voulu mourir aussi2
.
- 1La Constitution ne disparut pas avec Louis XIV, et les débats auxquels elle avait donné lieu se prolongèrent jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. (R)
- 2Parmi les appréciations impartiales de la Constitution, nous devons citer celle d’un contemporain intimement mêlé aux affaires religieuses, l’abbé Legendre, ancien secrétaire de l’archevêque de Paris, Harlay de Champvallon. « Il est étonnant, écrit‑il dans ses Mémoires, comment on ne prévit pas à Rome, avant de la lâcher pour satisfaire les jésuites, non seulement qu’elle ne serait point reçue avec acclamation, mais qu’infailliblement elle exciterait de si grands troubles en France qu’on regretterait de l’avoir donnée… Ne pouvant produire de bien, pouvant au contraire causer bien du mal, il eût été à souhaiter que jamais elle n’eût paru. » Et l’abbé Legendre, il est bon de le remarquer, fut au nombre de ceux qui acceptèrent la Constitution.(R)
Raunié, I,100-01 - Clairambault, F.Fr.12695, p.603 - Maurepas, F.Fr.12628, p.8