Le supplice de la Constitution
Le supplice de la Constitution
La Constitution a fait mourir le roi1
,
C’est Fagon qui l’accuse, et Baudin en fait foi.
Il faut de nouveaux supplices,
La punir et tous ses complices.
A quatre chevaux, autrefois,
Fut tiré l’assassin du meilleur de nos rois2
;
Mais Louis ne veut pas qu’on venge ainsi ses mânes.
Or puisque quarante ignorants3
,
Une jaquette noire et deux rouges soutanes4
De cette meurtrière ont été les garants,
Soit dit qu’elle sera par eux, comme autant d’ânes,
Écartelée à belles dents.
- 1« Le roi étant mourant, dit Voltaire, ces malheureuses disputes troublèrent et avancèrent ses derniers moments. Son impitoyable confesseur fatiguait sa faiblesse par des exhortations continuelles à consommer un ouvrage qui ne devait pas faire chérir sa mémoire. » Avant lui, Madame, mère du Régent, exprimait une opinion semblable dans ses lettres. « Ce prince, écrivait‑elle, s’était, à l’instigation du P. Le Tellier, affreusement tourmenté au sujet de cette maudite Constitution, au point qu’il n’en avait de repos ni jour ni nuit : c’est ce qui lui a ôté la vie. » (R)
- 2Ravaillac, assassin de Henri IV, fut écartelé à Paris le 27 mai 1610. (R)
- 3Dans l’assemblée d’évêques, tenue à Paris en 1714, quarante prélats acceptèrent la Constitution, la plupart par complaisance et pour éviter un schisme à l’Église.
- 4La jaquette noire représente ici le P. Le Tellier ; les deux rouges soutanes sont une allusion aux cardinaux de Rohan et Thiard de Bissy. (R)
Raunié, I,99-100 - Clairambault, F.Fr.12695, p.599 -Maurepas, F.Fr.12628, p.5 - F.Fr.12500, p.390 - F.Fr.12796, f°60r - BHVP MS 551, p.177 - Lyon BM, MS1674, f°85r
Ci-gît 1086