Chanson au sujet des miracles de M. Pâris
Chanson au sujet des miracles de M. Pâris
Or écoutez, grands et petits
Comment Monsieur l’abbé Pâris
En dépit de Rome et du Pape
Fait (car ce n’est point une attrape)
Des miracles aussi certains
Qu’en pourraient faire de vieux saints.
Mais de tous les plus surprenants
C’est qu’étant mort en appelant
Damné, dit-on, comme hérétique
À la Bulle il fasse la nique
Jusqu’à faire croire en tout lieu
Qu’il est écouté du bon Dieu.
Ne vous avisez pas d’aller
Sur son tombeau pour le railler,
Vous resteriez paralytique,
Chose assurée et bien tragique.
Qui ne connait pas son pouvoir
À l’Hôtel-Dieu peut l’aller voir.
Notre archevêque cependant
Dans un long et beau mandement
Affirme comme chose sûre
Que ce n’est rien qu’une imposture.
Mais ceux que le Saint a guéris
Lui donnent bien des démentis.
Pour moi, sans disputer sur rien,
(Car je suis simple et bon chrétien)
J’ai de plus en plus de scrupule
Sur cet écrit nommé la Bulle.
Avant elle en paix on était,
Le bien sans crainte se faisait.
D’un côté, je vois un Girard
Hypocrite, adroit papelard,
Corrompant les femmes et le les filles
(Chose à croire bien difficile)
Car on dit que ces Loyolas
Aux Dames ne s’arrêtent pas.
Qu’importe qu’à force d’argent
Tant bien que mal on l’ait fait blanc,
Le public en juge équitable
L’a cru, le croit toujours coupable ;
Ceci prouve qu’il est permis
De tout faire avec des amis.
D’autre côté, je vous des gens
Edifier quoiqu’appelants,
Opérer même des miracles
Malgré tous les plus grands obstacles.
Le Pape à Rome crie en vain,
Pâris n’en est pas moins un saint.
Que Pâris soit jansénien
Puisqu’il est saint, ça ne fait rien,
En lui j’aurai ferme croyance
Je compte pour rien l’ordonnance1
Qui semble défendre au Bon Dieu
de guérir les gens au saint lieu.
Or prions le doux rédempteur
Qu’ainsi que son grand serviteur
Nous ne suivions que l’Évangile
Fût-il encore plus difficile ;
Songeons que nous ne serons pas
Toujours habitants ici-bas.
- 1L’ordonnance du 29 janvier 1732 qui a fait fermer les portes du cimetière de Saint-Médard où est enterré M. Pâris.
F.Fr.15146, p.97-102