Requête d’un poète à Mgr d’Argenson
Requête d’un poète à Mgr d’Argenson,
ministre et secrétaire d’État de la guerre
Un jeune élève d’Apollon,
Élève, j’en conviens, de peu d’importance,
Mais qui remplit un coin dans le sacré vallon.
À ce titre souvent, sûr de votre assistance,
Ose à votre Grandeur dans cette circonstance
Présenter un placet qui ne sera pas long.
Mon poltron de laquais qui craint d’entrer en lice,
Bon sujet, bon valet, mais fort mauvais guerrier,
S’étonne que pour la milice
Le Dieu Mars l’ait compris dans son papier terrier.
Oncque il ne fut avide de laurier.
De plus, il a tout lieu de croire
Que la France n’a pas besoin de son appui,
Et que Louis et la victoire
Se passeront bien de lui.
Il sollicite donc la grâce,
Le dirai-je, d’être exempté
D’aller chez la postérité
Parmi nos héros prendre place.
Car tel est son mépris pour toute vanité
Qu’au renom des Césars il porte peu d’envie
Et qu’à votre Grandeur il demande la vie
Au lieu de l’immortalité.
Maurepas, F.Fr.12646, p.245-46