Sans titre
Louis aime le jeu, la chasse,
Son royaume peu l’embarrasse,
Et bon bon bon je t’en réponds
Son parlement n’ose rien dire ;
Il l’ennuie s’il veut l’instruire.
Et son son son ah ! voyez donc
un peu de tricherie dans la vie
Est toujours de saison.
D’Orléans est bon solitaire,
La grandeur ne lui convient guère,
Et bon bon bon je t’en réponds
En secret nos malheurs il pleure,
En public, muet il demeure.
Et son son, etc.
Le Duc déchu du ministère
Au Cardinal tâche de plaire ;
Et bon bon bon je t’en réponds,
Ce grand effort n’est pas sans cause
Il veut attraper quelque chose.
Et son son, etc.
Charolais dedans une harangue
Croyait faire briller sa langue
Et bon bon bon je t’en réponds
Mais au premier mot de décence
Il rengaîna son éloquence.
Et son son, etc.
Clermont, de rien ne se soucie
Pourvu qu’il caresse sa mie,
Et bon bon bon je t’en réponds
S’il entretient des biens d’Église
Sanchez en cela l’autorise.
Et son son, etc.
Le Cardinal en rien rapine,
La finance tombe en ruine
Et bon bon bon je t’en réponds
Ce vieux fourbe cache à son maître
Tous les désordres qu’il fait naître.
Et son son, etc.
Le chancelier que l’on méprise
Se tait ou dit une sottise,
Et bon bon bon je t’en réponds
Au Roi quand les voix il rapporte,
Il en impose, mais qu’importe.
Et son son, etc.
Chauvelin ne veut pas qu’on fasse
Au Parlement la moindre grâce,
Et bon bon bon je t’en réponds
Car, dit le calin, il s’égale
Avec l’autorité royale.
Et son son, etc.
Portail a cru par des courbettes
Masquer ses trahisons serètes,
Et bon bon bon je t’en réponds
Il est le jouet de la ville,
De la ville et de sa famille.
Et son son, etc.
Hérault, de la fortune esclave,
Les gens de bien et les saints brave,
Et bon bon bon je t’en réponds
Il n’a plus de vers qui le ronge,
Toujours à la bouche un mensonge.
Et son son, etc.
Par ses mandements Vintimille
Ressemble aux bœufs de l’Évangile,
Et bon bon bon je t’en réponds
En signant sans croire mal faire,
Du peuple il porte la colère.
Et son son, etc.
Languet, qui veut qu’on le rougisse,
De Rome épouse l’artifice,
Et bon bon bon je t’en réponds
Du saint j’accepte sans scrupule
La légende ainsi que la Bulle.
Et son son, etc.
Bissy, en mourant fort s’agite
Pour justifier sa conduite,
Et bon bon bon je t’en réponds
Mais Vasquez beaucoup le rassure
D’avoir satisfait la nature.
Et son son, etc.
Forbin, las de vivre en province
Perd le respect qu’il doit au prince,
Et bon bon bon je t’en réponds
Son mandement qu’un chacun berne
Est un tissu de baliverne.
Et son son, etc.
La Fare, qui voit qu’on l’oublie,
Veut qu’à Rome on le glorifie,
Et bon bon bon je t’en réponds
Mais, fût-il plus brouillon encore,
On sait qu’il n’est qu’une pécore.
Et son son, etc.
Tencin a cru par son concile
Se signaler en homme habile,
Et bon bon bon je t’en réponds
Car d’usure et de simonie
Par ces mots il se justifie.
Et son son, etc.
Les Enquêtes par leur silence
Ont rendu service à la France,
Et bon bon bon je t’en réponds
La Grand-Chambre restant en place,
A montré sa honte et sa crasse.
Et son son, etc.
Le nonce, d’un ton d’assurance,
Criait : n’est-il plus de potence ?
Et bon bon bon je t’en réponds
A Malte suivant son mérite
Il eût éprouvé sans sa suite.
Et son son, etc.
Joly, qui, craint par la satire,
De tout cela ne sait que rire,
Et bon bon bon je t’en réponds
Gilbert, qui porte la parole,
Depuis peu joue un fort sot rôle.
Et son son, etc.
Un jour on verrra dans l’histoire
Les avocats couverts de gloire,
Et bon bon bon je t’en réponds
Si les plaideurs s’en désespèrent,
C’était un malheur nécessaire.
Et son son, etc.
Satan dit qu’il est ridicule
Que saint Pâris sape la Bulle,
Et bon bon bon je t’en réponds
Mais il oppose à ses miracles
Hérault qui rend de faux oracles.
Et son son, etc.
Girard est chez nous un infâme ;
Dit un jésuite et fort le blâme,
Et bon bon bon je t’en réponds
Quand du sexe on a la faiblesse
Ne faut-il pas ruser d’adresse ?
Et son son, etc.
On est un damné janséniste
Dès qu’on s’oppose au moliniste,
Et bon bon bon je t’en réponds
Mais quelque crime qu’on commette,
Avec eux on a l’âme nette.
Et son son, etc.
A la Bulle ne pas souscrire
C’est le vrai chemin du martyre,
Et bon bon bon je t’en réponds
Si tu veux faire bonne chère,
Deviens constitutionnaire.
Et son son son ah ! voyez donc
un peu de tricherie dans la vie
Est toujours de saison.
Maurepas, F.Fr.12633, p.16-23 (air noté) - F.Fr.15034, p.504-06