Épitaphe
Épitaphe
Ci-gît Monsieur l’abbé Nicaise
Qui la plume en main dans sa chaise
Menait lui seul en mouvement
Toscan, Français, Belge, Allemand,
Non par discordes mutelles,
Mais par lettres continuelles,
La plupart d’érudition
A gens de réputation
De tous côtés à son adresse
Avis, journaux venaient sans cesse,
Gazettes, livres frais éclos,
Soit en paquets, soit en ballots,
Lui, toujours en nouvelles riche
De sa part n’en était pas chiche.
Fallait-il écrire au bureau
Sur un phénomène nouveau ?
Annoncer l’heureuse nouvelle
D’un manuscrit, d’une médaille ?
S’ériger en solliciteur
De louanges pour un auteur ?
D’Arnauld mort avertir la Trappe ?
Féliciter un nouveau Pape ?
L’habile et fidèle écrivain
n’avait pas la crampe à la main.
C’était le facteur du Parnasse.
Or gît-il et cette disgrâce
Fait perdre aux Huets, aux Noris,
Aux Toinards, Cupers et Lebnitz,
A Basnage le journaliste,
A Bayle le vocabulariste,
Aux commentateurs Groevius,
Kuhnius, Perizonius,
Mainte curieuse riposte ;
Mais nul n’y perd tant que la poste.
Maurepas, F.Fr.1227, p.37-38
Ci-gît 1406