Sur le rappel de M. le maréchal d’Estrées
Sur le rappel de M. le maréchal d’Estrées
commandant l’armée du Roi en Westphalie
C’est le brave d’Estrées qu’on vient de rappeler
Qui, avant de partir, s’est très bien signalé.
C’est un brave général, c’est un bon citoyen
Qui n’aime que son prince et qui le sert très bien.
Aussi notre bon Roi qui connaît sa valeur
L’avait-il employé comme un de ses meilleurs ;
Mais la haine et l’envie qui règnent dans les cours
Cherchent depuis trois mois à lui jouer des tours.
Ils avaient prétendu d’abord que, se hâtant,
Il eût pu dans Bielfeld écraser Cumberland.
Mais sans boire et manger tous ces beaux raisonneurs
Auraient-ils pu se battre avec si grande ardeur ?
Ils ne savaient donc pas qu’on marche en Westphalie
Par des chemins du Diable où tout manque à la vie.
Oh ! qu’ils le savaient bien, mais tout en médisant,
Ne cherchant qu’à nuire à tous honnêtes gens.
Sitôt que j’ai pu passer le Weser
Malgré les ennemis qui voulaient s’opposer,
Et ils le voulaient bien, car ils l’avaient bien beau,
Me combattre à la rive, ou quand j’étais sur l’eau.
Monsieur de Richelieu, soyez le bienvenu ;
Vous êtes mon ancien, tout honneur vous est dû.
Vous êtes galant homme et n’avez dû tremper
Dans l’intrigue de cour qui me fait rappeler.
Je vous remets l’armée dans un très bon état
Ce sont des césars, officiers et soldats ;
Le vainqueur de Mahon avec de tels guerriers
Sur la terre et sur mer doit cueillir des lauriers.
J’ai battu l’ennemi dedans ce même lieu
Pour la gloire du Roi faites encore mieux.
Je le désire fort, Monsieur de Richelieu.
C’est ainsi qu’en partant je vous fais mes adieux.
Clairambault, F.Fr.12721, p.245-46