Fragment d’une lettre écrite de Paris au Glaneur
Fragment d’une lettre écrite de Paris au Glaneur1
Onc on n’eût présumé dans notre Régiment
Qui s’augmente journellement
D’y voir un chef de gros mérite2
Parmi nos gendarmes d’élite.
Ce janséniste au gros collier,
A quitté sa vieille marotte ;
Le cas, sans doute, est singulier.
L’évêque de Senez en enrage en marmotte :
Le bonhomme à beau marmoter,
Ronger ses ongles, s’agiter,
Et dire qu’Homère radote ;
En un mot, il a beau gémir, se lamenter,
Son confrère a changé de note :
Donc il lui faut une calotte.
Réponse du Glaneur aux vers précédents
J’avais pris martre pour renard,
Prenant Montpellier pour Marseille.
Ne comptez plus, fauteurs de l’indigne Girard,
Sur une impossible merveille ;
Colbert ne dort ni ne sommeille.
Humblement à genoux j’ai réparé l’erreur ;
De nouveau je le décalotte.
Que ne puis-je lui mettre une rouge calotte
Pour réparation d’honneur !
- 1Dès qu’on eut lu ici la feuille où il est parlé d’un prétendu mandement de l’évêque de Montpellier au sujet des factums des du P.Girard et de la Cadière, les jésuites gobèrent cette nouvelle, et sur-le-champ publièrent partout les vers suivants qui, tous mauvais qu’ils sont, firent fortune ; soit pour la singularité de l’événement, soit parce qu’ils ont un faux air de calottes qui sont aujourd’hui si fort à la mode.
- 2L'évêque de Montpellier.
Glaneur historique du 14 février 1732.
Réaction à une fausse nouvelle involontairement propagée par le Glaneur