Sans titre
Venez badauds, petits et grands1 ,
Vous rassembler aux halles
Que votre prévôt des marchands
Fait appeler des salles ;
Ces magnifiques bâtiments
Qu’on traite de folie
Sont les durables monuments
De ce rare génie.
Le peuple s’y gobergera
Par les mets et la danse ;
Nouveaux sujets il en viendra
Pour repeupler la France ;
Dans ces ébats il oubliera
Qu’on prend soin de son argent
Et sans se plaindre il payera
Les impôts qu’on demande.
Laissez blâmer aux médisants
Son énorme dépense ;
Il ne la fait à vos dépens
Qu’à l’honneur de la France ;
Il veut prouver aux ennemis
Par ce trait de prudence
Que d’hommes et d’argent Louis
A toujours abondance.
- 1Certains textes du MS F.Fr.15140, notamment les numéros $7759-$7772 traitent, après bien d’autres, quelques épisodes de la guerre de succession d’Autriche, notamment pour les années 1743-45 : éloge patriotique des armées françaises sous la conduite de Louis XV, maladie du Roi à Metz, renvoi de la favorite du moment, la duchesse de Châteauroux. Y figurent également deux têtes de turc, le maréchal de Noailles dont on ne cesse de moquer l’incompétence voire la lâcheté ; et le général des armées ennemies, Charles de Lorraine, également incompétent et de plus ivrogne. Ces textes ont deux caractéristiques, dont la seconde dépend de la première : ils sont visiblement le fait d’une même plume, d’une rare maladresse, et souvent d’une parfaite incohérence. De ce fait, on ne les retrouve nulle part ailleurs, les recueils postérieurs ne s’étant pas souciés de reprendre des poèmes d’une aussi totale médiocrité.
F.Fr.15140, p.247-48