La Résignation
La Résignation
Soyons vrais, ai-je mérité
La patente scientifique,
Le fauteuil tant sollicité
Et l’auréole académique ?
Sous l’enseigne encyclopédique
Ai-je servi l’humanité ?
Je tiens encore à la gaieté
Dans un siècle mélancolique ;
À la bise philosophique
Ma bonne humeur a résisté ;
Partant je suis un hérétique
Et mes frères m’ont rejeté.
Il faut adorer en silence.
De quoi me plaindrais-je au surplus ?
L’Anacréon de notre France
Éprouva les mêmes refus,
Avec la même indifférence ;
Son myrte en est-il plus fané ?
Quoique goûteux il s’est traîné
Vers l’immortalité brillante
Et sans le brevet fortuné
Il a pour sa part écorné
Le patrimoine des Quarante.
Poésies satyriques, t. II, p. 121