Appel de la Dame de la Bédoyère de l’arrêt du Parlement
Appel de la Dame de la Bédoyère
de l’arrêt du Parlement
Quoi ! je n’ai quitté le théâtre
Et voulu me donner un nom
Que pour essuyer d’un barbon
Et de sa femme acariâtre
L’indigne proposition
D’accepter une pension
De leur fils dont l’affection
Pour moi toujours opiniâtre
Prouve par éloquent dicton
Que sa mère est une marâtre
Et son père un grossier Breton.
Ce fils illustré du renom
D’esprit et de délicatesse
À soumis toute sa tendresse
À la honte de leur factum ;
Mais quoique le sang en murmure,
Ces vieillards sont peu faits au ton
De devoir sentir la nature.
La preuve de l’ambition
Qui met leur cœur à la torture
Enfantait la prévention
D’un jugement de bon augure.
Mais je vois le faux et la brigue
Que le fiel et la noirceur liguent
Prendre injustement le dessus.
Voici tous nos projets déçus
Par les trames de leur finesse
Qui de femme fait la maîtresse
De ce même fils vertueux
Qu’ils voulurent corrompre comme eux
Ils le déshéritent à jamais
Comme si des plus noirs forfaits
Il déshonorait leur famille.
En coquin, banni de la ville
Du vil intérêt peu friand,
Ce tendre époux, toujours aimant,
Cherchant à conserver son titre,
De l’honneur ou du châtiment
Prend la justice pour arbitre.
C’est la tienne, grand conquérant,
Q’un illustre proscrit réclame.
Si juste et si compatissant,
Rends-lui sa maîtresse et sa femme.
C’est la vertu d’une grande âme
De protéger les malheureux.
Plus ton sceptre est victorieux,
Maître du fer et de la flamme
Plus tu te montres généreux.
Si tes orgueilleux ennemis
Se ressentent de ta clémence,
Accorde à deux époux unis
Leur liberté pour récompense.
Maurepas, F.Fr.12648, p.178-80 - F.Fr.10477, f°242 - NAF.9184, p.407-08