Aller au contenu principal

Sans titre

Ce n’est, ma foi, pas des chansons1

Mais un ordre de police

Qui fait troubler de nos moissons

Le respectable exercice.

Fils de marchands, clercs, ouvriers, garçons,

Vous tirerez tous la milice.

 

Mon galant est discret et doux,

Faut-il qu’on nous désunisse ?

Et qu’on épargne mon époux,

Lui que je veux qu’il périsse ?

C’est sur les maris avares et jaloux

Qu’il faudrait tirer la milice.

 

Quoique je sois sincère amant

Et que Lise me chérisse,

Je me décide en ce moment,

Et supplice pour supplice,

Loin de m’engager par le sacrement,

J’aime mieux tirer la millice.

 

Rien n’aime comme mon amant,

Faut-il qu’on me le ravisse ?

L’absence accroîtra son tourment,

Et s’’il faut qu’il y périsse

Pour mieux partager ce fatal moment,

Laissez-moi tirer la milice.

 

Vous à qui plaît la nouveauté,

Badauds, souffrez qu’elle agisse.

Vous n’aviez que la liberté,

Mais un ordre de police,

Jaloux de votre félicité

Vous l’a ravie par la milice.

 
  • 1M. de Marville, lieutenant général de police, rendit une ordonnance par laquelle il obligeait les corps de marchands et métiers à faire 300 hommes de milice pour recruter celle qui avait été faite à Paris au mois d’avril de l’année précédente.

Numéro
$7469


Année
1744




Références

Maurepas, F.Fr.12647, p.77-78 - F.Fr.10477, f°69