Chanson sur M. de Bernage, prévôt des marchands
Chanson sur M. de Bernage, prévôt des marchands1
Le rempart est un jardin
Grâce à Monsieur de Bernage,
Le rempart est un jardin
Grâce à ce vilain bouquin2 .
Du soir jusqu’au matin
On s’y promène à l’ombrage,
Le peuple circonvoisin
S’y rend avec son ménage,
Le rempart, etc.
Les prévôt et échevins
Ont fait un acte bien sage
Quand d’un arrosoir sans fin
Ils ont établi l’usage,
Le rempart, etc.
L’officier et le robin
À pied comme en équipage,
Et le sexe féminin
S’y montrent en étalage,
Le rempart, etc.
La poussière du chemin
N’offusque plus le visage
Et l’on y voit la catin
Étaler tout son bagage,
Le rempart, etc.
L’air en sera plus bénin
Si la ville le dégage
De ces lieux où le gredin
Publiquement se soulage,
Le rempart, etc.
Il y faut quelque gradin
Pour asseoir le cocuage
Et pour que le sieur Bouquin
Y marchande un pucelage,
Le rempart, etc.
Des fruits de son magasin
L’amour y fera son partage
Et l’on y boira du vin
À l’honneur du mariage,
Le rempart, etc.
Tout Paris doit sans chagrin
Voir un si grand avantage
Et respecter un refrain
Qui témoigne ses hommages.
Le rempart est un jardin
Grâce à Monsieur de Bernage.
Le rempart est un jardin
Grâce à ce vilain bouquin.
F.Fr.10478, f°595