Sur le mariage de M. d’Aoust, notaire
Sur le mariage de M. d’Aoust, notaire,
avec Mlle d’Herbault, fille d’un marchand du palais
Mon pauvre Herbault, aussi madré
Que l’oison le plus bête,
Tu dois bien te savoir bon gré
De ta digne conquête.
Un eunuque de cinquante ans
Vient d’épouser ta fille.
Quand elle voudra des enfants
Faudra qu’elle aille en ville.
Qu’un petit marchand du Palais
Pour sortir de sa crasse
Prenne une charge faite exprès,
Le tout est en sa place.
Mais au public en vérité
C’est donner une scène
Que de prendre un gendre ajusté
Comme était Origène.
Sans être sorcier on devine.
En tireur d’horoscope
Je prévois le sort du faquin
Et de sa Pénélope :
Elle catin et lui cocu,
La chose est très certaine.
Le public en est convaincu :
Bientôt elle est Hélène.
Renonce, moderne Abeilard
À ta chère Héloise.
Va te présenter à Villars1
Tu seras son Narcisse
Ou dans un cloître ensevelis
Ta triste bâtardise.
Ne pouvant que ronfler au lit
Jette-toi dans l’Église.
Recevoir et prêter argent,
Voilà ton ministère.
Un usurier en fait autant,
C’est presque ton confrère.
Mais pouvoir devenir papa,
Oh ! la pénible affaire !
Sonne-moi ton clerc et t’en va,
Tu ne saurais mieux faire.
Peste soit du mari bâtard,
Nargue de sa famille ;
Peste soit d’Herbault le bavard,
Peste soit de sa fille,
Peste soit de moi-même après,
Qui prend ici la peine
De rimer cinq ou six couplets
Pour un chapon du Maine.
- 1Le Duc
Clairambault, F.Fr.12719, p.195-97 - F.Fr.10479, f°299r-300r - F.Fr.15153, p.53-57 - NAF.9184, p.429-30