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Vers à M. de Boulogne nommé contrôleur général

Vers à M. de Boulogne 

nommé contrôleur général

Des millions de vers me passent par les mains,

Des millions d’écus vont passer par les vôtres.

Vous serez entouré des plus riches humains,

Je ne le suis que d’écrivains

Plus gueux que n’étaient les apôtres,

Et qui n’en sont encor que plus fiers et plus vains.

L’or coulera de votre plume,

Elle fera d’un trait cent heureux employés ;

La mienne trop souvent distille l’amertume ;

Elle écrase d’un trait cent rimeurs foudroyés.

Mais j’ai beau censurer, j’y perds ma rhétorique.

Élevé dans le sein des talents et des arts,

Vous dissiperez mieux leur sommeil léthargique,

Votre esprit, votre goût, vos fertiles regards

Pourront bien plus que ma critique.

Avec quel doux ravissement

Mes yeux verront Colbert renaître en ma patrie.

Recevez-en mon compliment,

Et vous souvenez, je vous prie

Que le contrôleur des écrits

Qui font bâiller toute la France

Est le serviteur très soumis

Du contrôleur de la finance.

Numéro
$7404


Année
1757 août

Auteur
Fréron



Références

Clairambault, F.Fr.12721, p.251-52 - F.Fr.10479, f°576