Vers à M. de Boulogne nommé contrôleur général
Vers à M. de Boulogne
nommé contrôleur général
Des millions de vers me passent par les mains,
Des millions d’écus vont passer par les vôtres.
Vous serez entouré des plus riches humains,
Je ne le suis que d’écrivains
Plus gueux que n’étaient les apôtres,
Et qui n’en sont encor que plus fiers et plus vains.
L’or coulera de votre plume,
Elle fera d’un trait cent heureux employés ;
La mienne trop souvent distille l’amertume ;
Elle écrase d’un trait cent rimeurs foudroyés.
Mais j’ai beau censurer, j’y perds ma rhétorique.
Élevé dans le sein des talents et des arts,
Vous dissiperez mieux leur sommeil léthargique,
Votre esprit, votre goût, vos fertiles regards
Pourront bien plus que ma critique.
Avec quel doux ravissement
Mes yeux verront Colbert renaître en ma patrie.
Recevez-en mon compliment,
Et vous souvenez, je vous prie
Que le contrôleur des écrits
Qui font bâiller toute la France
Est le serviteur très soumis
Du contrôleur de la finance.
Clairambault, F.Fr.12721, p.251-52 - F.Fr.10479, f°576