Sans titre
Notre vieux prélat de Fleury
Dans peu disparaîtra d’ici
Plus il ne nous régentera,
Alleluia.
Traçons à la postérité
Avec pinceau bien coloré
Le quidan qui nous gouverna,
Alleluia.
Il était sorti de bas lieu,
Mais il se mit bientôt en jeu,
Plus d’un rôle il représenta,
Alleluia.
D’abord en fort galant abbé,
Puis il devint seigneur mitré
Et tous états patelina,
Alleluia.
Il possédait l’art de la cour
Où vérité brille en son jour,
Divinement hypocrita,
Alleluia.
Pour du prince être précepteur
N’omit science ni labeur
Féminin canal pratiqua,
Alleluia.
À la bavette il prit le Roi,
Lui dit : Ne vous fiez qu’à moi.
Ailleurs on vous abusera,
Alleluia.
De ce principe embabouiné
L’enfant a si bien profité
Qu’on ne sait quand il parlera,
Alleluia.
Il s’est frayé par ce chemin
L’autorité du souverain
Que sur son maître il usurpa
Alleluia.
En Hercule du Vatican
Il écrasa tout mécréant,
Peuples et grands il subjugua,
Alleluia.
Il s’avisa de gerroyer,
Ensuite tout pacifier,
Sur l’un et l’autre il se styla,
Alleluia.
De biens combla sa parenté
Par ordre de Sa Majesté
Car il n’aurait pas visé là,
Alleluia.
Avec un air flatteur, riant,
De belles dents exprès montrant,
Jamais son masque ne quitta
Alleluia.
Je vous plains, pauvre nation,
De perdre un si grand pantalon,
Vous devez joindre un libera,
Alleluia.
F.Fr.12675, p.340-43 - F.Fr.15137, p.361-64 - F.Fr.15232, f°20r-21r - BHVP, MS 658, p.261-63