Sonnet sur l’état de la Cour
Sonnet sur l’état de la Cour
Servir un souverain ou se donner un maître,
Dépendre absolument des volontés d’autrui,
Demeurer en des lieux où l’on ne voudrait être,
Pour un peu de plaisir souffrir beaucoup d’ennui.
Ne témoigner jamais ce qu’en son cœur on pense,
Suivre les favoris sans pourtant les aimer,
S’appauvrir en effet, s’enrichir d’espérance,
Louer tout ce qu’on voit, mais ne rien estimer.
Entretenir un grand d’un discours qui le flatte,
Rire de voir un chien caresser une chatte,
Manger toujours fort tard, changer la nuit en jour.
Être toujours debout et jamais à son aise,
Quelquefois par hasard couché sur une chaise,
C’est voir en abrégé comme on vit à la Cour.
F.Fr.9351, f°309v - BHVP, MS 602, f°62v
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