Sans titre
Séditieux, hérétique,
Ce sont les noms dont Quesnel
Par une cabale inique
Se voit noircir sans appel.
Sans appel ? il en appelle
À la raison, à la foi,
Vrai chrétien, vrai fidèle
Autant à Dieu qu’à son Roi.
Par l’esprit du Dieu suprême
Ce bel ouvrage dicté
N’approuve, n’estime, n’aime
Que la seule vérité.
Sitôt que par l’Évangile
Ce commentaire parut,
À la cour comme à la ville
Avec plaisir on le lut.
L’ennemi de notre race,
Satan, veut le décrier.
Venez disciples d’Ignace,
C’est vous qu’il veut employer.
Vous avez toute l’adresse
Qu’il lfaut pour ce grand emploi :
Hardiesse, orgueil, souplesse,
Détours et mauvaise foi.
Une morale si pure
N’était pas de votre goût ;
Il en faut une moins dure
À ceux qui permettent tout.
Si Quesnel était un homme
Par ses crimes diffamé
Vous n’auriez jamais à Rome
Contre lui tant déclamé.
C’est un saint, un savant prêtre,
Ah ! c’en est là trop pour vous.
Par là ce n’est plus qu’un traître,
Digne objet de tous vos coups.
Il faut surprendre une Bulle
Qui le flétrisse à jamais.
Société ridicule,
Sais-tu bien ce que tu fais ?
C’est cette bulle elle-même
Qui purge ton ennemi
Et prend-elle aucun blasphème
Que jamais il ait vomi ?
Une équitable censure
D’un volume séducteur
Marque en détail l’imposture
De son malheureux auteur.
Ainsi jadis en insérant
Les Urbains, les Innocents,
Quand ces papes censurèrent
Quelques docteurs de leur temps.
Sur les débats de la Chine
Encore aujourd’hui Clément
Réprouvant votre doctrine
La marque précisément.
Tel est l’esprit de l’Église
En poursuivant une erreur
Elle particularise
Ce qui lui fait de l’horreur.
Au juste décret du pape
Tout l’univers applaudit
Et le jésuite sous cape
En gronde seul ou s’en rit.
Du pape au roi de la Chine
Ces pères ont appelé
Voulant qu’un païen termine
Cet important démêlé.
BHVP, MS 599, f°25r-27r