Chanson sur les convulsions
Chanson sur les convulsions
Or écoutez, petits et grands,
Le rare et triste différend
O Reguingué
Qui met l’alarme au camp des frères
Servant les convulsionnaires.
Pleurez mes yeux, fondez en eau,
Larmes, arrosez le pinceau
Qui doit tracer cette déroute
Où le plus sage ne voit goutte.
L’un est pour le Frère Augustin,
Et l’autre se dit Vaillantin ;
Celui-ci tient pour le mélange,
Celui-là pour le mauvais ange.
Chacun fait maint et maint écrit
Et tourmente son pauvre esprit,
Tantôt épluchant l’Écriture
Et tantôt forçant la nature.
D’abord on hasarde un beau plan
Qui fond devant M. de Laon ;
Suit un coup d’œil, mais il est louche,
Et de Fouillou craint fort la touche.
Par un effort de jugement
Fourgon très équitablement
Conclut que ces misérables
Sont tristement en proie aux diables.
Pour Poncet qui veut du divin
Il a cru le trouver enfin
Dans mainte Marie à la Coque
En dépit du bon sens qu’il choque.
Boursier dit : en vain j’ai prêché
Le vrai que j’ai tant recherché ;
A peine l’ai-je cru moi-même
Qu’on goûte si peu mon système.
Ici Debonnaire en courroux
Prétend que les hommes sont fous ;
Que des démons la troupe noire
N’eut jamais de part au grimoire.
Mais dom La Taste d’autre part,
Raisonnable en ce point, repart
Des démons nier l’existence :
C’est donner dans l’extravagance.
Je revendique ce sujet,
Il m’appartient, s’écrire Péquet,
Sans trop me donner la torture
J’explique tout par la nature.
Enfin, pour surcroît d’embarras
On besognait de nouveaux cas,
Et poussant la chose à l’extrême
Tout allait devenir problème.
Quand survient un gros de docteurs,
Gens renommés, braves auteurs,
Qui voulant finir la querelle
Vont la réveiller de plus belle.
Dieu, de ta bénédiction
Scelle la Consultation,
Fruit hasardé de tant de veilles
Qui nous promet mots et merveilles.
Clairambault, F.Fr.12705, p.403-05 - Maurepas, F.Fr.12633, p.427-30