Sans titre
On dit que notre clergé
A depuis peu mal jugé.
Ce n’est qu’une médisance.
On dit qu’avec sa science
Pour plaire à Sa Majesté
Il n’a plus de conscience,
C’est la pure vérité.
On dit qu’il a reconnu
Sa foi dans un bref cornu,
Ce n’est qu’une médisance.
On dit que par manigance
Avec la Société
Il croit contre sa croyance,
C’est la pure vérité.
On dit que le mandement
Est fait assez plaisamment,
Ce n’est qu’une médisance.
On dit avec assurance
Que Doucin l’a projeté
Au palais d’une Éminence,
C’est la pure vérité.
On dit qu’un prélat a pris
Strasbourg pour le Saint-Esprit,
Ce n’est qu’une médisance.
On dit avec vraisemblance
Qu’il faut qu’il soit hébété,
Qu’il n’ait nulle clairvoyance,
C’est la pure vérité.
On dit qu’à Chartres Quesnel
A paru très criminel,
Ce n’est qu’une médisance.
On dit avec connaissance
Que ce prélat irrité
A fait voir son ignorance,
C’est la pure vérité.
On dit aussi que Beauvais
A fait un discours mauvais,
Ce n’est qu’une médisance.
On sait avec doléance
En quelle communauté
Il a pris tout ce qu’il pense,
C’est la pure vérité.
On dit que de d’Aubigné
Le bon sens s’est éloigné,
Ce n’est qu’une médisance.
On dit qu’avec véhémence
Et avec brutalité
Il força Son Éminence,
C’est la pure vérité.
On dit que le bon du Mans
A parlé trop simplement,
Ce n’est qu’une médisance.
On dit que Sa Révérence
L’aurait voulu plus futé
Pour mériter récompense,
C’est la pure vérité.
On dit que des protestants
Notre Sire est mécontent,
Ce n’est qu’une médisance.
On dit qu’il leur fait défense
D’écrire à Sa Sainteté.
On crie à la violence,
C’est la pure vérité.
Clairambault, F.Fr.12695, p.365-68 - Maurepas, F.Fr.12627, p.272-74