Sans titre
Un pauvre pet réduit à l’esclavage1
Las de souffrir une sale prison,
Est-il puni pour se faire un passage ?
La liberté fut toujours de saison.
Un pet est-il autant de conséquence
Pour irriter contre un cul tous vos sens ?
Ce pauvre cul, quoique plein d’innocence,
Pour vous fléchir vous donne de l’encens.
Jamais un pet, soit dit sans vous déplaire,
Ne fut poussé plus méthodiquement,
J’avais aussi mes raisons pour le faire,
Car jamais pet ne fut sans fondement.
Quoi, pour un pet échappé sans malice
Ai-je péché contre vos règlements ?
Déclarez-moi, grand juge de police,
Si vous voulez aussi régler les vents.
Veiller au guet et nettoyer les rues,
Régler les jeux, la chair et le poisson,
Mais sur les culs vous n’avez point de vue :
On peut tout faire dans son caleçon.
Que feriez-vous si dessous votre empire
Croissaient les vents du nord et du levant,
Vous qui grondez pour le moindre zéphire
Qui par hasard est venu du ponant.
Apaisez donc votre grande colère.
À quoi sert-il ici de disputer.
Vous permettez à mon âne de braire,
Défendrez-vous à mon cul de péter ?
- 1M. d’Argenson s’étant mis en colère pour un pet qu’on avait fait en sa présence, on lui fit ces vers.
BHVP, MS 551, p.319