Sans titre
Au sujet du siège de Mahon
Que ce grand jour
Pour vous, Mamour,
Est un grand jour de fête !
Apprends, Fanchon, que d’Port-Mahon
J’avons fait la conquête.
Mais de sque l’avons sitôt pris
Ne faut que l’on soit surpris :
No’t général,
Grand maréchal,
Etait à notre tête.
D’aller aux coups
Plus vit’ que nous,
Son courage pétille.
C’est trop oser,
C’est s’exposer,
Mais c’est en ça qu’il brille
Ce héros saisit le devant
Et tout d’abord
Vous brusque un fort
Com’ le cœur d’une fille.
L’Anglais voyant
Son air pimpant
Dision, Soldats de France,
Vot’ général
Va-t-il au bal
Avec cette élégance ?
Oui, mais vous danserez pour nous
Et vous danserez malgré vous.
Ils ont voulu,
Ils n’ont pas pu
Lui faire résistance.
Au premier son
De not’ canon
Leur mine se renfrogne
Loin d’approcher,
Y vont s’cacher
De peur qu’on les empogne.
Y voyons bien que s’maréchal
Avec son petit air jovial
Est un vivant
Mauvais plaisant
Qui va droit en besogne.
Tous les bourgeois
A basse voix
Lui font offrir asile ;
Leurs fem’ aussi
D’un ton poli
Lui font dire en beau style :
Monseigneur, soyez vous tout nu,
Vous serez chez nous le bienvenu.
Il s’est montré,
Il est entré
Tout de go dans la ville.
Nul ne s’en plaint.
Si l’on le craint
On l’aime davantage.
Il fait tout bien
Sarpedié, rien
N’résiste à son courage.
Quand d’chacun on a l’amitié
On est vainqueur plus d’a moitié
Avec l’esprit
Quand l’coeur agit
C’est qu’on fait bien d’louvrage.
Clairambault, F.Fr.12721, p.91-93 - F.Fr.10479, f°479-80 - Mazarine Castries 3989, p.448-51
Toute la fin de Mazarine Castries 3989 ($6807-$6831) est composée de chansons patriotiques en l’honneur de la prise de Port-Mahon par le maréchal de Richelieu. La reprise des mêmes thèmes, l’utilisation quasi-constante d’un langage paysan de fantaisie et… la négligence, sinon la médiocrité de l’ensemble, laisse conclure à un auteur unique (Vadé ?) bâclant un travail de commande.