Sans titre
Notre rempart est un jardin
Grâces à Monsieur de Bernage,
Notre rempart est un jardin
Grâces à Joseph Outrequin.
Du soir jusques au grand matin
On s’y promène sous l’ombrage
Et le peuple circonvoisin
S’y rend avec tout son ménage.
Le prévôt avec l’échevin
Ont fait un acte des plus sage
Lorsque d’un arrosoir sans fin
D’un rempart ont fait un jardin
L’officier avec le robin
A pied tout comme en équipage
Avec le sexe féminin
Y montrent tout leur étalage.
La poussière de ce chemin
N’offusquera plus le visage
Et l’on y verra sa catin
À son aise soir et matin.
L’air en sera bien plus bénin
Et ce bel endroit nous dégage
De tous ces lieux où le gredin
Tout publiquement se soulage.
Il y faudrait quelque gradin
Pour mieux asseoir le cocuage,
Et quelques bancs où le bouquin
Pût à son gré se mettre en train
En buvant coup sur coup du vin
En l’honneur du grand mariage
De notre très puissant Dauphin
Et de son bienheux ouvrage.
Tout Paris doit donc sans chagrin
Profiter de cet avantage
Et respecter le refrain
De bien besogner sa catin.
C’est le moyen le plus certain
De donner un bon témoignage
Du plaisir qu’eut notre Dauphin
D’apercevoir de son ouvrage.
Mazarine Castries 3989, p.399-401